(BFM Bourse) - Le stratégiste en chef devises de la banque américaine a indiqué à Bloomberg anticiper un euro à 1,02 dollar à fin décembre, contre plus de 1,10 dollar à l'heure actuelle. Une opinion très divergente par rapport au consensus.
L'euro a pris sa revanche en Bourse cet été face au billet vert. De 1,07 dollar environ à fin juin, la devise de la zone euro est remontée à 1,1045 dollar à l'heure actuelle, avec une pointe à 1,12 dollar à la fin du mois dernier.
Les statistiques américaines décevantes couplées à des anticipations de baisses de taux directeurs importantes de la part de la Réserve fédérale américaine (Fed) ont provoqué une chute du dollar, notamment face à l'euro. Selon l'outil FedWatch du CME Group, les investisseurs anticipent à l'heure actuelle des réductions de taux de la Fed représentant environ 125 points de base (1,25 point de pourcentage) d'ici à la fin 2024.
La tendance peut-elle brutalement s'inverser? Les stratégistes devises de Morgan Stanley misent en tout cas sur une chute de 7% de l'euro face au dollar d'ici à la fin de l'année.
Dans une interview à l'agence Bloomberg, leur chef, David Adams, a indiqué que ses équipes tablaient sur un euro à 1,02 dollar à fin décembre 2024.
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Hausse des taux de la BCE
Cette prévision repose essentiellement sur l'hypothèse que la Banque centrale européenne coupe ses taux à chacune de ses trois prochaines réunions, y compris celle de jeudi, avec une potentielle baisse de taux de 50 points de base (0,5 point de pourcentage) à un moment donné.
"Le marché dispose d'une grande marge de manœuvre pour se recentrer sur le fait que la BCE pourrait procéder à des réductions plus importantes et plus rapides que ce qui est prévu actuellement", a déclaré à Bloomberg David Adams, qui a travaillé auparavant à la Federal Reserve Bank of New York. "La réunion de cette semaine pourrait constituer un catalyseur important pour que le marché commence à y réfléchir", a-t-il ajouté.
"Si les indicateurs (économiques, NDLR) continuent de se détériorer en Europe, le marché doit commencer à penser non seulement à 25 points de base par trimestre, mais peut-être à 25 points de base à chaque réunion ou peut-être même au risque d'une réduction de 50 points de base (…)", a-t-il ajouté.
Le stratégiste évoque également l'incertitude politique en Europe comme facteur pouvant provoquer une baisse de la devise de la zone euro face au dollar. En dehors des remous politiques en France, l'expert de marché pointe l'Allemagne, avec la percée du parti d'extrême-droite, l'AfD ("alternative für Deutschland", "une alternative pour l'Allemagne"), lors des récentes élections locales.
Reste que cette prévision demeure iconoclaste. Le consensus Bloomberg table sur un euro à 1,11 dollar à la fin de l'année. Bank of America anticipe un taux de 1,12 sur la même période. La semaine dernière, UBS a de son côté rehaussé sa projection à 1,12 dollar pour un euro à fin 2024 et à 1,15 dollar à fin 2025 car elle pense que la faiblesse du dollar persistera.
L'établissement évoque un déclin "de l'exceptionnalisme américain", c'est-à-dire la capacité des Etats-Unis à afficher des performances économiques supérieures à celle de l'ensemble des pays développés.