(BFM Bourse) - L'effet "ciseaux" dont nous parlions dans nos précédentes analyses sur la paire de devises Euro / Dollar se confirme. La perspective d'une hausse encore plus rapide qu'anticipée des Fed Funds pèse sur la monnaie unique, tout comme la crainte d'un impact des confinements en Chine sur la croissance mondiale et les nouveaux développements dans le conflit en Ukraine, alors qu'une quarantaine de puissances, dont les Etats-Unis, sont réunies ce matin en Allemagne pour s'accorder sur une aide supplémentaire à Kiev. L'Euro se trouve piégée par cet effet "ciseaux": la conjugaison d'une perte d'appétence au risque, qu'elle paie en tant que baromètre, et la perspective d'une moindre "rémunération" dans les années à venir face au Dollar.
Le discours de la Fed s'est particulièrement raffermi, depuis que J. Powell a clairement mis sur la table l'option d'un relèvement de 50 points de base des Fed Funds, dès le prochain FOMC au début du mois de mai, pour faire face à une inflation dont nul ne voit le "pic". Outre la dynamique des prix, il sera particulièrement intéressant de mesurer l'évolution des tensions sur le marché de l'emploi, critère essentielle et prédictif de hausses salariales. Verdict en fin de semaine prochaine avec le rapport NFP d'avril.
Côté BCE, "si Christine Lagarde a déclaré qu'un relèvement des taux était probable avant la fin de l'année, la voie semble moins claire (seule la fin du programme d'achats d'actifs est lisible à ce stade avec des discussions sur une hausse des taux d'intérêt durant l'été) et encore trop inscrite dans une approche de « colombe »", analyse SÉBASTIEN GRASSET, Membre du Directoire - Directeur de l'Asset Management d'AURIS Gestion. "Madame Lagarde doit en effet trouver un rythme de normalisation monétaire adapté (exercice difficile) pour ne pas fragiliser les pays périphériques dont la hausse des rendements des emprunts d'États marque déjà les craintes des marchés."
Dans un entretien accordé à Reuters, Martins Kazaks, membre du Conseil des gouverneurs, a déclaré que la BCE pouvait raisonnablement, compte-tenu du la marge dont elle dispose, envisager deux ou trois hausses des taux directeurs cette année.
Au chapitre statistique hier, l'indicateur IFO du climat des affaires en Allemagne est ressorti en hausse à 91,8 points, battant les attentes. "Cela s'explique principalement par un moindre pessimisme dans les attentes des entreprises. Leurs évaluations de la situation actuelle sont à peine meilleures. Après le choc initial de l'attaque russe, l'économie allemande a montré sa résilience", a commenté Clemens Fuest, Président de l'Institut. Un chiffre qui n'a apporté aucun soutien à la monnaie unique.
A suivre en priorité, à l'agenda ce mardi, les commandes de biens durables outre Atlantique à 14h30 et l'indice de confiance des consommateurs (Conference Board) à 16h00.
A la mi-journée sur le marché des changes, l'Euro se traitait contre 1,0690$ environ.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
Depuis sa sortie franche d'un biseau de consolidation large le 04 avril, le camp vendeur est en confiance, avec 15 corps rouges sur les 18 dernières bougies tracées. Une rupture d'un fragile plancher intermédiaire à 1,0850$, que nous qualifiions de garde-fou, a libéré une énergie vendeuse supplémentaire, dans un accès de volatilité. Cette rupture désormais validée entraine le verrouillage de nouvelles cibles baissières.
PREVISION MOYEN TERME
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnés, notre avis est négatif à moyen terme sur la parité Euro Dollar (EURUSD).
Notre point d'entrée est à 1.0685 USD. L'objectif de cours de notre scénario baissier se situe à 1.0455 USD. Pour préserver le capital engagé, nous vous conseillons de positionner un stop de protection à 1.0801 USD.
L'espérance de rentabilité de cette stratégie Forex est de 230 pips et le risque de perte s'établit à 116 pips.
Le conseil BFM Bourse
GRAPHIQUE EN DONNEES QUOTIDIENNES
