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L'Euro amorçait une phase de consolidation, légitime au regard d'une récente avancée depuis le 03 mars, avancée catalysée par des inquiétudes de plus en plus vives sur un possible point d'inflexion de l'économie américaine, la plus puissante du monde. Le rapport sur l'inflation, très attendu dans ces conditions, est ressorti à un niveau plutôt rassurant. La dynamique des prix au sens des CPI a tempéré les esprits, les prix progressant de 2,8% en février en rythme annuel, contre 2,9% en janvier.
"En théorie, le mois de février est le premier pour lequel il aurait été possible de voir un petit effet des hausses de droits de douane car la première hausse de 10 points contre la Chine a pris effet au début de ce mois. Mais rien n'est réellement décelable pour le moment", remarque Bastien Drut, responsable de la stratégie et des études économiques chez CPRAM.
Les opérateurs restent tout de même sur le qui-vive après une série de statistiques décevante, notamment sur le moral des consommateurs et la consommation elle-même. Rappelons que cette dernière est LE moteur principal de création de richesse outre Atlantique, et ce de façon structurelle. Or la guerre commerciale qui s'envenime en Amérique du Nord, et qui rentre dans le dur avec l'Europe, tout comme les politiques anti-immigrations de Trump, sont légitimement sources d'inquiétudes.
"Les droits de douane américains sur l'acier et l'aluminium sont entrés en vigueur et, en retour, la Commission européenne a annoncé son intention de prendre des mesures de rétorsion similaires (bien que sur une autre catégorie de marchandises en provenance des États-Unis)", notent les économistes de Nomura, qui font allusion à des produits américains emblématiques comme les whiskies bourbon et les motocyclettes Harley Davidson.
"Si l'impact sur certains secteurs et lignes de produits pourrait être important, l'effet macroéconomique global sur l'Europe devrait être faible. Ce qui est plus préoccupant, c'est qu'il ne s'agit que d'une première étape - l'Europe est désormais fermement dans le collimateur de M. Trump, notamment parce qu'elle est responsable de plus d'importations vers les États-Unis que n'importe quel autre bloc."
De quoi pousser à la prudence sur le marché américain dans son ensemble - le reflux de la tech depuis la prise de fonction de Trump est parlant, et de quoi mécaniquement rendre moins lisibles les prochaines échéances monétaires de la Fed. D'autant que la Réserve fédérale américaine (Fed) tiendra sa réunion de politique monétaire, la semaine prochaine.
Alexandre Drabowicz, Global Chief Investment Officer et Bénédicte Kukla, Senior Investment Strategist d'Indosuez WM vont même jusqu'à parler "d'épée de Damoclès" pour qualifier des droits de douane : "les menaces de Trump sur les tarifs et les incertitudes géopolitiques accrues nous obligent à rester prudents quant à la reprise de la consommation. Cela pourrait plus que compenser le boost apporté par les nouveaux plans sur la défense et l'infrastructure, qui eux auront plus d'impact sur la croissance en 2026 qu'en 2025. Les analystes estiment un risque entre -0,5 et -1 point de pourcentage de mise en œuvre possible des tarifs douaniers sur la croissance du PIB européen de 2025 - ce n'est pas un risque négligeable même si l'impact devrait être plus sectoriel et spécifique à certains pays, principalement les produits pharmaceutiques et l'automobile (Irlande, Allemagne)."
Côté agenda, les cambistes prendront connaissance cette après-midi des prix à la production outre Atlantique. Dans l'immédiat, la hausse de 0,8% mensuelle de la production industrielle en Zone Euro en janvier a constitué la bonne surprise de la matinée, battant largement la cible, le consensus s'établissant à +0,5%, contre une contre-performance de -0,4% en décembre.
A la mi-journée sur le marché des changes, l'Euro se traitait contre 1,0840$ environ.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
Le franchissement dans une volatilité importante des 1,0608$ change la donne sur la configuration de la paire de devises, qui vient de valider une reprise d'appui sur moyenne mobile longue, à 50 jours (en orange), qui amorce une figure de ressource. Le scénario d'une fonte rapide en direction de la parité parfaite (1€=1$) est invalidé.
PREVISION MOYEN TERME
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnés, notre opinion est neutre à moyen terme sur la parité Euro Dollar (EURUSD).
Nous conserverons cette opinion neutre tant que les cours de la parité Euro Dollar (EURUSD) seront positionnés entre le support à 1.0758 USD et la résistance à 1.1012 USD.
Le conseil BFM Bourse
GRAPHIQUE EN DONNEES QUOTIDIENNES
