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Le Dollar perdait quelques pips face à l'Euro sur fond de détente obligataire, à mettre sur le compte de la perspective d'un assouplissement de la politique monétaire américaine. Assouplissement que le marché, dans son ensemble, envisage plus appuyé que prévu après la publication du dernier bulletin de santé de l'empoi privé, le fameux NFP (pour Non Farm Payrolls).
"Le marché du travail américain reste paralysé par l'incertitude économique induite par la politique économique de l'administration Trump. L'emploi à l'arrêt et les pressions sur les membres du FOMC laissent peu de doutes sur une prochaine baisse de 25 pb des Fed funds", acte Axel Botte d'OStrum AM. La perspective d'une baisse plus ample, de 50 points de base d'un coup, est même à prendre en considération. L'outil FedWatch du CME Group chiffre à 8% cette faible, mais désormais non négligeable, probabilité. Pour rappel, l'outil permet d'apprécier en temps réel les probabilités d'évolution des taux fédéraux et de la politique monétaire américaine en fonction du prix des contrats à terme sur fonds fédéraux à 30 jours.
Au fond, le contenu de ce NFP d'août ne fait que confirmer la (très) légère détérioration de la santé de l'emploi privé outre Atlantique. Dans le détail ce rapport fédéral pour l'ensemble du mois d'août met en évidence une légère hausse du taux de chômage, à 4,3% de la population active, dans la cible définie par le consensus. Cible atteinte également pour la hausse moyenne des salaires horaires (+0,3%). En revanche - et c'est là que le bât blesse -, les créations de postes dans le secteur privé hors agriculture, attendues en baisse à 75 000, pointent en fait à 22 000.
Les Treasuries 10 ans, rendements de l'obligation souveraine fédérale à échéance 10 ans, poursuivait sa décrue à 4,07%. Pour rappel, ce repère essentiel pour les cambistes dépassait les 4,59* le 21 mai.
"Si cette détente monétaire est en apparence une bonne nouvelle pour les marchés financiers, elle traduit aussi la crainte d’un essoufflement rapide de l’économie. Certains analystes évoquent à nouveau le spectre d’une récession outre-Atlantique. Le ralentissement est en partie attribué aux incertitudes commerciales liées à la politique de Donald Trump et à la fragilisation de la demande intérieure. Au deuxième trimestre, la croissance du PIB américain avait déjà ralenti à 1,6 % en rythme annualisé, contre 2,4 % au premier", pour Philippe Crevel du Cercle de l’Épargne.
De son côté, l'Euro résistait très bien face à la situation politique française, au lendemain d'un vote de confiance à l'Assemblée Nationale, précipitant sans aucune surprise la chute du gouvernement Bayrou.
"À tort ou à raison, les investisseurs considèrent que la France est « too big to fail »", analyse Christopher Dembik, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM, n'oubliant pas qu'il vaut "mieux vaut avoir tort avec le marché que raison tout seul", selon le précieux adage boursier.
"Dans le pire des cas, ils estiment que la BCE interviendra en achetant temporairement et en catimini un peu de notre dette - comme elle l'a fait en décembre 2024 après que le gouvernement Barnier soit tombé. À court terme, le problème est essentiellement économique. Le gouvernement table sur une croissance de +0,7% en 2025, après +1,1% en 2024. Ce n'était pas réaliste avant l'annonce du vote de confiance. Ça l'est encore moins maintenant. Dans le meilleur des cas, elle devrait atteindre +0,5%. Tous les moteurs de la croissance sont en panne : la demande intérieure est quasi nulle, les perspectives d'embauche et d'investissement sont en berne, les hausses de salaire faibles et le commerce extérieur – même si ça n'a jamais été notre fort – est en chute libre à cause du regain de protectionnisme. Malheureusement, l'incertitude politique ambiante ne va rien arranger."
Dans l'immédiat, plus que le nom du prochain locataire de l'Hôtel de Matignon, les opérateurs sur devises seront attentif à l'actualisation, par l'agence Fitch, de la notation souveraine française. Rappelons que le 14 mars, la célèbre et influente agence de rating donnait un "AA-" assorti d'une perspective négative à notre pays.
Andrea Tueni, responsable des activités de marché chez Saxo Banque, prévient: "les prochains mois sont d'une importance majeure, avec des révisions attendues des agences de notation : le verdict de Fitch est attendu ce vendredi, suivi de ceux de Moody's le mois prochain et de S&P en novembre. Les taux des obligations françaises (OAT à 10 ans) sont sous pression, traités à des niveaux similaires à ceux de la Grèce et de l'Italie, autour de 3,50 %. Les écarts avec ces pays sont désormais insignifiants, laissant entendre que les investisseurs considèrent les OAT comme équivalentes à des dettes souveraines de moindre qualité, bien que la France bénéficie d'une note AA- comparée aux BBB et BBB- de l'Italie et de la Grèce, ce qui peut suggérer un décalage des agences de notation dans leur évaluation."
Hier sur le front statistique, les opérateurs ont pris connaissance de l'indice Sentix de confiance des investisseurs en Zone Euro, en chute à -9,2 points. "Une amère déception pour les optimistes", peut on lire dans le communiqué accompagnant les données brutes. "
La composante de confiance "actuelle" a atteint son plus bas niveau depuis mars 2025 et les inquiétudes économiques reviennent en force. On ne peut plus parler d'un retournement de tendance concernant l'économie allemande, puisque l'indice économique allemand chute de 9,4 points à -22,1 points. L'économie américaine montre également des signes plus clairs de ralentissement. Les attentes chutent à -10,8 points et la situation actuelle se dégrade également à -0,3 point. Une lueur d'espoir cependant: l'Asie, Japon compris, s'avère un facteur stabilisateur de la tendance mondiale. Cela signifie que l'économie mondiale est (encore) actuellement en mesure de maintenir son rythme de croissance."
A suivre demain les prix producteurs et après-demain les prix à la consommation aux Etats-Unis. Deux rendez-vous majeurs majeurs pour la Fed et les communauté des cambistes.
A la mi-journée sur le marché des changes, l'Euro se traitait contre 1,1760$ environ.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
La paire de devises Euro / Dollar est en phase ascensionnelle marquée, de fond, au-dessus d'une droite oblique qui fait sens. Nous avons représenté ce niveau linéaire de support graphique en noir. Dans l'immédiat, nous garderons un œil attentif au positionnement relatif des moyennes mobiles à 20 (en bleu foncé) et 50 jours (en orange) pour optimiser les points d'entrée.
PREVISION MOYEN TERME
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnés, notre opinion est neutre à moyen terme sur la parité Euro Dollar (EURUSD).
Nous conserverons cette opinion neutre tant que les cours de la parité Euro Dollar (EURUSD) seront positionnés entre le support à 1.1608 USD et la résistance à 1.1835 USD.
Le conseil BFM Bourse
GRAPHIQUE EN DONNEES QUOTIDIENNES
