(BFM Bourse) - Après un début de réponse monétaire en Europe (avec le peu d'armes dont on dispose encore), et le peu d'efficacité pour rassurer les marchés, la réponse face au menaces de l'épidémie de coronavirus se veut politique. Après l'Italie et l'Espagne, c'est au tour de la France, d'entrer, depuis quelques minutes officiellement, en période de "confinement". Les guillemets s'imposent car il ne s'agit pas stricto sensu d'une interdiction de tout déplacement, mais d'une limitation très importante.
Sur les politiques monétaires, il est vrai que la déception sur les marchés a été vive de part et d'autre de l'Atlantique.
"Au cœur de cette crise spécifique, les interventions des Banques centrales se sont avérées particulièrement contreproductives, comme l'ont prouvé les deux initiatives de la Fed et de la BCE qui ont semblé, de surcroit, faire cavaliers seuls. Le déni initial de Donald Trump quant à la gravité de la situation aux Etats-Unis a été également préjudiciable et son intervention de vendredi dernier, certes tardive, s'est révélée décisive," commente Jean-Jacques Friedman, Chief Investment Officer chez Natixis Wealth Management.
"Le timing des deux interventions de la Fed, avec des baisses de leurs taux directeurs de 0,5% puis de 1%, est apparu particulièrement maladroit aux yeux des investisseurs." poursuit-il.
La question qui se pose à ce stade, est celle de la coordination (de sa faisabilité et de ses chances de réussite) européenne, pour la gestion des frontières extérieures de l'Union Européenne, et des mesures budgétaires communes...
"La réaction nationale se place dans un contexte européen où la France et l'Allemagne n'ont pas pu parvenir à une action coordonnée au niveau de l'Eurogroupe ces dernières heures : pas d'utlisation du budget commun, ni de création d'instruments financiers communs, ni de mise à contribution particulière du Mécanisme Européen de Stabilité. La réponse européenne reste semble-t-il exclusivement l'apanage de la Commission de l'UE27, laissant les pays de l'Eurozone à leurs mesures individuelles." constate Julien Manceaux, économiste senior (ING).
Si les volontés individuelles des gouvernements des principales puissance de la Zone Euro paraissent rassurantes sur le papier, on ne parle pas à ce stade de réaction cordonnée. L'Allemagne en particulier, par l'intermédiaire de son ministre de l'Economie P. Altmaier*, s'est dite prête à s'endetter, en dernier recours.
Le bilan du coronavirus Covid19 est désormais, à l'échelle mondiale, de près de 183 000 cas confirmés, et de plus de 7 100 morts, selon les données compilées par l'Université Johns Hopkins. Si le nombre de nouveaux cas quotidiens en Chine tend à décroître (validation d'un palier), et que le taux d'utilisation des capacités de production reprend le chemin de la hausse, la propagation incontrôlable du virus à l'échelle de la planète rend encore indéchiffrable les conséquences sur l'activité économique. Les 4 principales puissances économiques de la Zone Euro (Allemagne, France, Italie, Espagne) sont particulièrement touchées. 2 158 décès sont à déplorer en Italie.
Le virus poursuit donc ses ravages, d'Est en Ouest, autour du globe.
"Maintenant que l'Europe est en quarantaine, les investisseurs devraient se méfier des Etats-Unis qui ont déjà commencé à fermer les écoles et les bars/restaurants de certaines mégalopoles comme New York et Los Angeles. En effet, en Asie comme en Europe cette étape était la première avant le confinement total des populations pour éviter la propagation du virus.", anticipe Vincent Boy (IG France).
Au chapitre statistique, l'indice Empire State (indice de confiance de la Fed de New York) s'est effondré littéralement ce mois-ci, à -21.5, contre 12.9 en février et 5.1 attendu, au plus bas depuis 11 ans. Il constitue par nature un baromètre de la santé de l'industrie dans l'ensemble du pays.
A suivre le rapport mensuel sur l'industrie fédérale à 13h30, ainsi que la dynamique des ventes au détail aux Etats-Unis à 14h30.
Publié ce matin, le ZEW allemand s'est naturellement effondré, mais le niveau de profondeur abyssal (-49,5) était loin d'être anticipé par les économistes et analystes interrogés. L'indicateur, qui mesure le moral des investisseurs dans la première économie de la Zone Euro touche un point bas depuis décembre 2011.
A la mi-journée sur le marché des changes, l'Euro se traitait contre 1,1030$ environ.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
La rupture des 1,1110$, par sa brutalité, annihile notre scénario de rebond au sein d'une vaste figure de consolidation (scénario présenté hier). Sous une zone de convergence des moyennes mobiles à 20 (en bleu foncé) et 100 jours (en orange), la configuration se dégrade nettement. Avec pour particularité suivante: l'absence de garde-fou technique identifiable avant le points bas de février.
PREVISION MOYEN TERME
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnés, notre avis est négatif à moyen terme sur la parité Euro Dollar (EURUSD).
Notre point d'entrée est à 1.1023 USD. L'objectif de cours de notre scénario baissier se situe à 1.0786 USD. Pour préserver le capital engagé, nous vous conseillons de positionner un stop de protection à 1.1111 USD.
L'espérance de rentabilité de cette stratégie Forex est de 237 pips et le risque de perte s'établit à 88 pips.
* en interview sur le service public audiovisuel allemand Arbeitsgemeinschaft der öffentlich-rechtlichen Rundfunkanstalten der Bundesrepublik Deutschland
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GRAPHIQUE EN DONNEES QUOTIDIENNES
