(BFM Bourse) - Alors que les combats s'intensifient en Ukraine, la psychologie de marché demeure inchangée sur le marché des changes, avec un Dollar qui se trouve renforcé grâce à ses attributs de valeur refuge, qui s'expriment pleinement dans ce contexte géopolitique, et un Euro qui se trouve comprimé par l'assèchement global de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers. Sur fond de détermination affichée par le régime russe à poursuivre l'offensive en Ukraine, quelles que soient les sanctions brandies par la communauté internationale, les cambistes s'interrogent naturellement sur les impacts sur les calendriers respectifs de resserrement monétaire de la Fed et de la BCE.
Jean-Marie MERCADAL, Directeur des stratégies d'investissement et Eric BERTRAND, Directeur Général Délégué et Directeur des Gestions chez OFI AM précisent toutefois que "le chemin vers la sortie des politiques monétaires très accommodantes actuelles était déjà tracé et l'année 2022 sera celle d'un début de normalisation. Les principales Banques Centrales ont ainsi annoncé leur volonté de minorer leurs bilans en réduisant le rythme d'achat de titres jusqu'à l'arrêter complètement d'ici quelques mois. La Réserve fédérale américaine a déjà commencé à réduire ses achats, la Banque d'Angleterre est sur le point de le faire et la BCE arrêtera ses achats en mars."
Mais c'est la question à très fort enjeu du rythme de ce resserrement monétaire (l'angle du virage pour prendre une image parlante) qui est posée, et qui va constituer un casse-tête pour les grands argentiers de la planète.
"Les plus fortes divergences apparaissent sur la question du niveau des taux directeurs. Les Banques Centrales devraient être plus prudentes dans leur resserrement monétaire face à ce qu'anticipait le marché, dans la mesure où les impacts économiques de la guerre et des sanctions associées sont difficilement mesurables à ce jour, en particulier en Europe."
L'équation inflation - croissance s'en trouve bouleversée avec l'ajout de nouvelles inconnues.
"Cette crise géopolitique s'inscrit dans un contexte de hausse des prix généralisée et de banques centrales qui entament tout juste leur cycle de normalisation monétaire", synthétise Raphaël Thuin, Responsable de l'activité de Capital Markets Stratégies chez Tikehau Capital. "Cette nouvelle incertitude vient donc complexifier la question du retour de l'inflation, dans un contexte où la Russie demeure un fournisseur clé de gaz naturel en Europe".
Pour la seule Allemagne, première puissance économique de la Zone Euro, à l'approche de la fin programmée de l'exploitation de ses dernières centrales nucléaires, la dépendance est très forte: entre 50% et 60% de sa consommation provient de Russie.
Une nouvelle fois hier, les indicateurs statistiques macroéconomiques ont été relégués au second plan. Citons tout de même les PMI industriels en Zone Euro, conformes aux attentes (à 58,2 pour les données IHS Markit en données finales pour janvier) et au-delà des attentes pour l'ISM manufacturier américain de janvier à 58,6.
A suivre cet après-midi à 14h15 les résultats de l'enquête du cabinet privé ADP sur l'emploi américain, qui donneront un avant-goût de la publication vendredi du rapport fédéral mensuel NFP. Dans l'immédiat, EuroStat vient de publier les derniers chiffres de l'inflation en ZOne Euro, au-dessus des attentes, à +2,7% en rythme annualisé, hors panier d'éléments volatils (alimentation, énergie, alcool et tabac).
A la mi-journée sur le marché des changes, l'Euro se traitait contre 1,1090$ environ.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
La phase de transition entre le 04 et le 23 février, sous forme d'un glissement sans fédération, sous la moyenne mobile à 100 jours (en orange) est terminée. Le biais baissier de fond s'aligne avec le court terme, et le tracé d'une bougie remarquable par son corps rouge jeudi, illustre la ferme prise en main du camp vendeur. Nous revoyons nos cibles baissières, à 1,10$, puis le cas échéant à 1,0856$.
PREVISION MOYEN TERME
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnés, notre avis est négatif à moyen terme sur la parité Euro Dollar (EURUSD).
Notre point d'entrée est à 1.1096 USD. L'objectif de cours de notre scénario baissier se situe à 1.0857 USD. Pour préserver le capital engagé, nous vous conseillons de positionner un stop de protection à 1.1216 USD.
L'espérance de rentabilité de cette stratégie Forex est de 239 pips et le risque de perte s'établit à 120 pips.
Le conseil BFM Bourse
GRAPHIQUE EN DONNEES QUOTIDIENNES
