(BFM Bourse) - L'Euro était sous pression vendredi à la mi-journée, venant visiter une fragile zone de support, les cambistes digérant la réunion du Conseil des Gouverneurs de la Banque Centrale Européenne (BCE) jeudi, et trahissant leur manque total d'appétit pour le risque, dans le cadre du flou entourant l'issue de la guerre commerciale sino-américaine, et dans le cadre de craintes de perte de vitesse de l'économie chinoise.
La réunion monétaire s'est achevée par un statu quo, largement anticipé, sur les taux directeurs. En conférence de presse, Mario Draghi a confirmé que l'institution mettait un terme à sa programme de rachats d'actifs dit QE ("Quantitative Easing") à la fin de l'année. Cette décision constitue une étape majeure dans le resserrement de la politique monétaire accommodante de la BCE. Cela ne signifie pas pour autant que l'institution européenne va immédiatement retirer son soutien au marché obligataire.
Jeudi, la Banque centrale européenne a donc confirmé que les achats nets dans le cadre de ce programme cesseront bien ce mois-ci, ce qui signifie que l'institution n'y consacrera plus de nouveaux fonds… Mais les rachats ne vont pas s'arrêter pour autant. En effet, au fil des trois ans et demi qu'a duré le programme, la BCE a accumulé un trésor de guerre. Au 7 décembre 2018, la BCE détenait 2.650 milliards d'euros de titres "à des fins de politique monétaire".
Le conseil des gouverneurs a indiqué qu'il réinvestirait en totalité les montants remboursés par les émetteurs au fur et à mesure des échéances (en pratique, dans un délai allant jusqu'à deux mois après le remboursement).
Le recyclage des fonds ainsi dégagés dans de nouveaux rachats d'obligations se poursuivra "pendant une période prolongée" après la date à laquelle la BCE commencera à relever ses taux d'intérêt directeurs (ce qui n'est pas prévu avant l'été 2019) et en tout cas "aussi longtemps que nécessaire pour maintenir des conditions de liquidité favorables et un degré élevé de soutien monétaire" assure l'institution européenne.
Pour sa part, le Comité de politique monétaire de la Fed se réunit la semaine prochaine et le scénario d'un nouveau relèvement des taux directeurs fédéraux est hautement probable. Le cas échéant, ce serait la quatrième hausse du loyer du Dollar sur l'ensemble de l'année 2018. Une attitude jugée "ridicule" par Trump, qui n'hésite pas à monter d'un ton dans ses critiques envers la puissante Banque Centrale... Cette dernière pourrait toutefois marquer une pause sur le premier trimestre 2019, tant les inquiétudes liées à la guerre commerciale sino-américaine sont fortes. Et tant elle génère d'inquiétudes sur un ralentissement de la croissance mondiale.
D'autant que deux chiffres statistiques majeurs chinois viennent d'apporter, très tôt ce matin, de l'eau au moulin des vendeurs. La production industrielle a nettement ralenti sa dynamique, en ne progressant "que" de 5.4% en rythme annualisé le mois dernier, contre une cible à 5.9% (croissance du mois d'octobre sur les mêmes bases). Par ailleurs, les ventes au détail pour le mois de novembre ont constitué également un déception relative, en progressant de 8.1% au mois de novembre, nettement sous les attentes (+8,8% en rythme annualisé).
L'Euro, baromètre par excellence de l'appétit pour le risque, est donc naturellement sous pression face au Dollar, qui revêt ses habits de valeur refuge.
Au chapitre macroéconomique, aucun écart par rapport au consensus à signaler hier matin pour les données finales de l'inflation en novembre, en France comme en Allemagne. De l'autre côté de l'Atlantique, forte baisse à signaler jeudi du côté des inscriptions hebdomadaires aux allocations chômage, qui ont fondu à 206 000 unités sur la semaine du 03 au 09 décembre, à 20 000 unités sous le consensus.
Ce matin les opérateurs sur devises ont composé avec une batterie d'indicateurs avancés (PMI), en toute première estimation pour le mois de décembre en Europe. Les déceptions sont nombreuses, sur l'industrie comme sur les services, en France comme en Allemagne, les deux premières économies de la Zone Euro.
En données synthétique pour l'ensemble de l'union monétaire, le PMI services ressort à 51.4, largement sous la cible (53.4) et le PMI manufacturier ressort à 51.4 également, sous le consensus. Les indicateurs PMI sont construits à partir d'enquêtes passées auprès de directeurs d'achats, et constituent par nature un indicateur avancé de la santé de l'économie. On remarquera que les indicateurs se sont significativement rapproché de la barre des 50, point d'équilibre qui sépare la contraction de l'expansion, sur le secteur considéré.
A la mi-journée sur le marché des changes, l'Euro se traitait contre 1,1300$ environ.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
Nous estimons que le support des 1,1285$ est suffisamment fragilisé pour céder. La phase de transition latérale en range, qui prévaut depuis le 21 novembre, autour de la moyenne mobile à 20 jours (en bleu foncé), touche à sa fin. Dans ces conditions, une rupture formelle du seuil graphique évoqué provoquerait une accélération des dégagements - c'est sens de la tendance initiale - dans une accélération de la volatilité. Avis négatif proposé sur la paire de devises phare.
PREVISION MOYEN TERME
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnés, notre avis est négatif à moyen terme sur la parité Euro Dollar (EURUSD).
Notre point d'entrée est à 1.1297 USD. L'objectif de cours de notre scénario baissier se situe à 1.1120 USD. Pour préserver le capital engagé, nous vous conseillons de positionner un stop de protection à 1.1366 USD.
L'espérance de rentabilité de cette stratégie Forex est de 177 pips et le risque de perte s'établit à 69 pips.
Le conseil
GRAPHIQUE EN DONNEES QUOTIDIENNES
