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L'Euro ne faiblissait pas dans son mouvement de réaction face au Dollar, non pas en raison d'un regain d'appétit pour le risque, mais par crainte d'une entrée prochaine en récession des Etats-Unis. Ce possible point d'inflexion de type asymptote sur la santé de la première économie du monde se matérialise depuis plus d'un mois, par des déceptions en cascade sur des indicateurs majeurs (U-Mich de confiance des ménages, ventes de détail, rapport sur l'emploi en particulier.
"Par démagogie, par populisme, le Président américain risque de plonger son pays en récession, un comble !", lance Philippe Crevel, dans son dernier édito du Cercle de l'Epargne.
"Que les États-Unis soient confrontés à un déficit commercial important, 920 milliards de dollars en 2024, est une évidence. Que ce déficit soit la conséquence de pratiques commerciales douteuse, sans nul doute. Mais le recours au protectionnisme est une réelle absurdité pour un pays qui domine tous les grands secteurs de pointe et qui pèse plus du quart du PIB mondial".
Depuis l'entrée en fonction de l'impétueux, colérique et exalté 47ème Président des Etats-Unis, les atermoiements sur les droits de douane en particulier commencent à instiller le doute.
"Cette domination de la scène politique complique la lecture des implications macroéconomiques et pourrait potentiellement peser davantage sur l'économie américaine. Les entreprises, initialement optimistes face aux promesses de dérégulation et de baisses d'impôts, doivent désormais composer avec des hausses de tarifs, une réduction de la main-d'œuvre migrante et des incertitudes sur les subventions", analyse Laura Corrieras, Equity Portfolio Manager chez Indosuez Wealth Management.
De l'autre côté de l'Atlantique en revanche, le climat est bien différent, en particulier pour les investisseurs comme le montre le rebond impressionnant de l'indice Sentix, qui revient proche de la position neutre. "Donald Trump aura donc réussi en quelques jours ce que la plupart des pays européens appelaient de leurs vœux depuis maintenant plus d'une décennie : faire sauter le verrou budgétaire allemand", synthétise Sébastien Grasset, Directeur Général - Directeur de l'Asset Management d'Auris Gestion.
Rappelons l'annonce d'une volonté commune des partis amenés à gouverner en Allemagne, de briser la règle d'or budgétaire, pour injecter plusieurs centaines de milliards d'euros dans des projets d'infrastructures, et d'investissements massifs dans la défense. Un changement de paradigme qui influe directement sur la paire de devises Euro / Dollar.
"La défense revient donc au cœur du jeu en Europe. Parallèlement au plan allemand, la commission européenne a, en effet, annoncé un programme d'investissement de 800 Mds d'euros dont 150 Mds sous forme de prêts pour renforcer les capacités de défense européenne et a encouragé les États à s'affranchir des règles budgétaires sur les dépenses militaires. Si cette relance budgétaire va indéniablement booster la croissance de la zone euro, tous les pays n'auront pas les marges manœuvres pour alourdir durablement leur déficit."
Les dépenses envisagées par l'Allemagne sont relatifs à la défense bien entendu, mais aussi aux infrastructures, ce qui a soutenu massivement les actions des groupes de construction et de matériaux de part et d'autre du Rhin.
"À très court terme, le gouvernement allemand actuel peut-il faire passer cela par le parlement avant que le nouveau gouvernement ne prenne ses fonctions le 24 mars ?", s'interroge Alexandre Drabowicz, Global Chief Investment Officer et Bénédicte Kukla, Senior Investment Strategist Indosuez WM.
"Très probablement oui, à moins que le parti des Verts ne change d'avis ou que certains conservateurs sur le frein à la dette au sein de la CDU de Friedrich Merz ne décident de se désister. Nous pensons qu'un signal politique d'une telle ampleur serait difficile à retirer, même si des contournements et des options partielles sont probables", nuancent les dirigeants en gestion d'actifs.
Le principal rendez-vous macroéconomique de la semaine est prévu pour demain, avec les prix à la consommation aux Etats-Unis. Ils sont attendus en hausse de 0,3% en février, hors alimentation et énergie, contre +0,4% en janvier.
"Il faut absolument une bonne nouvelle, surtout après la hausse surprise de 0,4% sur un mois en janvier des prix à la production. Au niveau des prix à la consommation, il faut s'attendre à ce que le prix des œufs, qui est à un record historique en raison de la grippe aviaire, continue de plomber les statistiques", prévient Christopher Dembik, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM.
"Dans la foulée, le marché monétaire pourrait encore ajuster ses prévisions de baisse des taux par la Réserve Fédérale. Il y a deux semaines, une seule baisse de taux était anticipée cette année. Désormais, trois le sont. Ça risque encore d'évoluer tant la lisibilité économique est faible à court terme."
A l'agenda macroéconomique ce mardi, à suivre en priorité les nouvelles offres d'emplois (JOLTS) aux Etats-Unis à 15h00.
On notera que la Côte Est des Etats-Unis est passée en heure d'été. Par conséquent, et en attendant que la France métropolitaine y passe, Wall Street ouvrira à 14h30, au lieu de 15h30.
A la mi-journée sur le marché des changes, l'Euro se traitait contre 1,0890$ environ.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
Le franchissement dans une volatilité importante des 1,0608$ change la donne sur la configuration de la paire de devises, qui vient de valider une reprise d'appui sur moyenne mobile longue, à 50 jours (en orange), qui amorce une figure de ressource. Le scénario d'une fonte rapide en direction de la parité parfaite (1€=1$) est invalidé.
PREVISION MOYEN TERME
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnés, notre opinion est neutre à moyen terme sur la parité Euro Dollar (EURUSD).
Nous conserverons cette opinion neutre tant que les cours de la parité Euro Dollar (EURUSD) seront positionnés entre le support à 1.0758 USD et la résistance à 1.1012 USD.
Le conseil BFM Bourse
GRAPHIQUE EN DONNEES QUOTIDIENNES
