(BFM Bourse) - La détermination glaçante de V. Poutine à poursuivre son avancée en territoire ukrainien, continue de peser lourdement sur l'Euro / Dollar, dont la qualité de baromètre de l'appétit pour le risque est actuellement pleinement illustrée. L'attaque de la principale centrale nucléaire du pays - l'incendie à ses abords immédiats a été maîtrisé, et aucun réacteur n'a été touché - aura forcément choqué la communauté internationale, faisant revenir en mémoire, même si c'est dans un tout autre contexte, l'accident nucléaire de 1986, à Tchernobyl.
Face aux craintes d'un ralentissement économique mondial, au pire moment en pleine reprise post-Covid, J. Powell devant les Parlementaires américains, a tenu cette semaine à rassurer quant au rythme de remontée des taux fédéraux, laissant entendre que la remontée serait vraisemblablement moins forte que prévu. La voie est ainsi ouverte à un relèvement de 25 pdb, au lieu de 50 pdb pour cette prochaine échéance. La Fed achèvera le 16 mars une nouvelle réunion de son Comité de politique monétaire (FOMC).
Il faut dire que cette question du ralentissement potentiel de la croissance mondiale, dans un contexte inflationniste élevé, énergie en tête, rebat complètement les cartes pour les grands argentiers de la planète.
"Dans ce contexte, les Banques Centrales devraient se montrer plus prudentes et plus accommodantes, en particulier en Europe, face aux risques pesant sur la croissance. Parallèlement, l'inflation apparaît donc moins sous contrôle sachant que celle-ci pourrait être accrue nettement e cas d'accélération des sanctions sur le front de l'énergie, entraînant à nouveau des risques de ralentissement de l'activité", expliquent Jean-Marie MERCADAL, Directeur des stratégies d'investissement et Eric BERTRAND, Directeur Général Délégué et Directeur des Gestions chez OFI AM.
Pour la Banque Centrale Européenne, "la guerre signifie [également] une remise en question de la politique monétaire", peut on lire dans une note de recherche ING en date du 03 mars. "Jusqu'à il y a une semaine, la principale préoccupation concernait les effets secondaires d'une inflation élevée et une éventuelle spirale salaires-prix, mais la réflexion a rapidement évolué. Le principal risque semble maintenant être de savoir si les effets sur l'inflation ne vont pas être sérieusement stagflationnistes à court terme, le pouvoir d'achat des consommateurs étant comprimé. Un resserrement monétaire rapide qui en résulterait aurait des effets négatifs supplémentaires sur une économie déjà sous pression."
Pour rappel sur l'inflation justement, EuroStat a publié mercredi les derniers prix à la consommation en Zone Euro, au-dessus des attentes, à +2,7% en rythme annualisé, hors panier d'éléments volatils (alimentation, énergie, alcool et tabac).
Concernant la principale publication statistique hier matin, à 55,5, le PMI service synthétique d'IHS Markit pour l'ensemble de la Zone Euro est ressorti très proche des attentes. Les données "composite" (industrie + service) sont mécaniquement disponibles pour février, à 55,5. Chris Williamson, Chief Business Economist à IHS Markit, a apporté les éclairages suivants: "Bien qu'il soit encore trop tôt pour évaluer les conséquences du conflit, une aversion croissante au risque ainsi que de nouvelles sanctions impacteront très certainement les perspectives d'activité, entravant ainsi la reprise post-pandémie. Le conflit ukrainien, qui accentue les risques inflationnistes et assombrit les perspectives d'activité, s'ajoute ainsi aux vents contraires que les ménages et les entreprises se préparaient déjà àaffronter et rend encore plus difficile la tâche délicate de la BCE de contrôler l'inflation tout en soutenant une reprise économique solide. »
A noter que le PMI Services (ISM) américain a nettement déçu en manquant complètement les attentes. En revanche les inscriptions aux allocations chômage pour la semaine passée, sont ressorties en contraction à 215 000 nouvelles inscriptions.
A suivre en priorité, à l'agenda ce vendredi, le rapport fédéral NFP (Non Farm Payrolls) sur l'emploi américain au mois de février. Le consensus chiffre à 407 000 le nombre de créations de postes dans le secteur privé (hors agriculture) et à 3.9% de la population active le taux de chômage. Il était à 4% fin janvier.
A la mi-journée sur le marché des changes, l'Euro se traitait contre 1,1000$ environ.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
La phase de transition entre le 04 et le 23 février, sous forme d'un glissement sans fédération, sous la moyenne mobile à 100 jours (en orange) est terminée. Le biais baissier de fond s'aligne avec le court terme, et le tracé d'une bougie remarquable par son corps rouge jeudi 24/02, illustre la ferme prise en main du camp vendeur. Avec 4 bougies au corps rouge sur les 4 dernières bougies, la dernière étant encore en cours de tracée, et une mobilisation vendeuse continue cette semaine, le tableau reste sombre. Nous revoyons nos cibles baissières, à 1,0856$, puis le cas échéant à 1,0685$.
PREVISION MOYEN TERME
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnés, notre avis est négatif à moyen terme sur la parité Euro Dollar (EURUSD).
Notre point d'entrée est à 1.1017 USD. L'objectif de cours de notre scénario baissier se situe à 1.0686 USD. Pour préserver le capital engagé, nous vous conseillons de positionner un stop de protection à 1.1101 USD.
L'espérance de rentabilité de cette stratégie Forex est de 331 pips et le risque de perte s'établit à 84 pips.
Le conseil BFM Bourse
GRAPHIQUE EN DONNEES QUOTIDIENNES
