(BFM Bourse) - Avec le retour du spectre du conflit commercial sino-américain, l'appétit pour le risque se comprime davantage, et c'est particulièrement visible sur le spot EURUSD, en biais baissier de court terme en direction d'un niveau de support à 1,0785$. Après des insinuations de plus en plus fermes de l'exécutif fédéral américain sur la provenance du SARS-Cov2 (du laboratoire P4 à Wuhan) - sans apport à ce stade des preuves adéquates ! -, Donald Trump sort de nouveau une de ses cartes maîtresses (toxiques ?): la menace de nouvelles hausses de tarifs douaniers à l'importation de produits chinois en sol américain. C'est donc le spectre d'un nouveau conflit commercial sino-américain qui fait sa sinistre réapparition.
Pire, "Le président américain a également évoqué une autre idée, qui serait dévastatrice pour les marchés financiers et notamment les obligations américaines et le dollar. En effet, il proposait de ne pas rembourser la dette américaine que détient la Chine, alors que cette dernière possède plus de 1,1 trillons de dollars d'obligations du trésor. Cette manœuvre serait extrêmement néfaste pour la confiance dans la dette des Etats-Unis et le dollar américain mais il est peu probable que le président Trump décide d'une telle mesure", a complété l'analyste de marché Vincent Boy (IG).
Résultat, un regain d'agressivité dans les relations diplomatiques sino-américaine, avec des conséquences directes sur l'appétit pour le risque sur le marché des changes. L'Euro reste pour rappel un miroir fidèle de ce degré d'appétence.
Par ailleurs, la monnaie unique subissait le poids de l'annonce par la cour constitutionnelle allemande d'une décision susceptible de remettre en cause la participation de la Bundesbank au programme de rachats d'actifs de la Banque Centrale Européenne: la plus haute juridiction allemande, saisie par plusieurs requérants eurosceptiques, ordonne au conseil des gouverneurs de la BCE de démontrer "de façon compréhensible et substantielle" qu'il n'a pas outrepassé les traités européens dans le cadre du programme lancé sous Mario Draghi (pourtant validé par la cour de justice européenne), faute de quoi l'Allemagne ne devrait plus y participer. Les implications concrètes de cet arrêt -qui ne vise pas le programme de 750 milliards d'euros d'aide d'urgence contre la pandémie (PEPP) annoncé mi-mars- sont encore peu claires.
Parallèlement, les perspectives de sortie de confinement des principales puissances économiques de la planète ont eu un effet positif sur le brut (près de 25$ le baril de brut léger texan), avec des conséquences mécaniquement positive pour le billet vert. L'exemple chinois est "vecteur d'espoir", pour Emmanuel AUBOYNEAU, gérant associé chez AMPLEGEST. "L'activité a rebondi depuis le mois de mars avec notamment une reprise en V dans l'industrie. Très logiquement les services mettront plus de temps à repartir (tourisme, loisirs, restauration...)", poursuit le gérant.
Au chapitre statistique, les cambistes ont pris connaissance lundi de la publication du PMI industriel (avril), à 33.4, confirmant les toutes premières estimations du 23 avril (33.6). L'indice Sentix de confiance des investisseurs s'est pour sa part effondré à -41.8 contre -25.9 attendu. Il s'agit pour rappel d'un score, calculé après dépouillement d'une enquête passée auprès de 2 800 investisseurs et analystes concernant les prévisions et sentiments à l'horizon 6 mois de l'économie en Zone Euro. Outre Atlantique, les commandes industrielles pour le mois de mars ont chuté (-10.3% en rythme mensuel) encore plus brutalement que ne le laissait augurer le consensus.
Un seul indicateur important ce matin côté européen: les prix "producteurs" (IPP), avec leur valeur d'indicateur avancé de la dynamique des prix (inflation), ont vivement reculé en Zone Euro en mars (-1.5% d'un mois sur l'autre). Et ce avec des disparités sectorielles très fortes. "Les prix à la production industrielle dans la zone euro en mars 2020, par rapport à mars 2019, ont diminué de 11,3% dans le secteur de l'énergie et de 1,8% pour les biens intermédiaires, tandis que les prix ont augmenté de 1,1% pour les biens d'investissement, de 1,3% pour les biens de consommation durables et de 2,4 % pour les biens de consommation non durables.", précise Eurostat.
A suivre cette après-midi pour les Etats-Unis, la balance commerciale à 14h30, les données finales (avril) de l'indice PMI services à 15h45, ainsi que le PMI non manufacturier (données ISM) à 16h00.
A la mi-journée sur le marché des changes, l'Euro se traitait contre 1,0835$ environ.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
Le cadre est relativement clair, avec une confirmation encore plus aboutie du "pattern" technique proposé depuis plusieurs semaines maintenant, à savoir celui d'une compression en canal horizontale de la paire de devises (range), entre 1,0785 et 1,1100$. Ce dernier niveau, de résistance, correspond en outre à la moyenne mobile à 100 jours (en orange) qui adopte progressivement une orientation neutre. L'avis sera négatif, avec une poursuite des oscillations au sein du canal évoqué.
PREVISION MOYEN TERME
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnés, notre avis est négatif à moyen terme sur la parité Euro Dollar (EURUSD).
Notre point d'entrée est à 1.0836 USD. L'objectif de cours de notre scénario baissier se situe à 1.0786 USD. Pour préserver le capital engagé, nous vous conseillons de positionner un stop de protection à 1.0866 USD.
L'espérance de rentabilité de cette stratégie Forex est de 50 pips et le risque de perte s'établit à 30 pips.
Le conseil BFM Bourse
GRAPHIQUE EN DONNEES QUOTIDIENNES
