(BFM Bourse) - Si le biais de fond demeure incontestablement baissier sur le spot EURUSD, l'état des force en présence à court terme se traduit par un rééquilibrage, l'Euro continuant de perdre des points dans un contexte de contraction de l'appétit pour le risque, et le Dollar... également, sur fond de reflux violent des cours du brut, et dans la perspective d'un ajustement de la politique monétaire sur 2022 avec l'apparition du nouveau variant "Omicron".
Ce variant, dont les scientifiques ne savent encore que peu de choses, est une épine dans le pied des grands "argentiers" de la planète, qui pour les principaux, commencent à peine leur chemin vers une normalisation monétaire. Le patron de la Réserve fédérale, Jerome Powell a encore jeté un froid en reconnaissant, en réponse à une question sur la pertinence de maintenir le terme "transitoire" pour qualifier le pic d'inflation actuel, que le moment était venu de retirer ce mot... Pour le président de la Fed, tout récemment choisi pour un second mandat, si les hausses des prix est globalement liée aux problèmes d'approvisionnement, ces hausses se sont répandues plus globalement et le risque d'une inflation durablement plus élevée s'est accru. Autrement dit, c'est un peu tout le scénario mis en avant ces derniers mois qui est battu en brèche, et le grand argentier reconnaît qu'il va falloir discuter d'un retrait plus rapide des mesures de soutien non conventionnelles, sans même parler d'un resserrement des taux.
Un scénario à deux relèvements des taux fédéraux au lieu de trois sur 2022 prend désormais l'avantage. Au fond, l'apparition de ce nouveau variant n'accorderait finalement pas le bien le plus précieux à J. Powell : le temps ? C'est la thèse défendue par Jean-Jacques Friedman - Directeur des investissements de VEGA Investment Managers, filiale de Natixis Wealth Management. "Si la prudence s'impose à court terme, Omicron redonne du temps en permettant à J. Powell de ne pas céder à la pression des statistiques récentes et de ne pas se résoudre à un resserrement monétaire plus agressif. De fait, les investisseurs prévoient désormais deux hausses des taux directeurs par la Fed en 2022, contre trois précédemment."
Hier les cambistes ont pris connaissance des données finales des indicateurs PMI industriels (enquêtes auprès des directeurs des achats) en Europe. Pour l'ensemble de la Zone Euro, les données ne s'écartent guère du consensus (58,4 contre 58,6 en première estimation pour novembre). Chris Williamson, Chief Business Economist à IHS Markit, a commenté les derniers chiffres de l'enquête : "La croissance soutenue du secteur manufacturier de la zone euro indiquée par l'Indice PMI en novembre masque les fortes difficultés auxquelles les fabricants sont actuellement confrontés. En effet, si la demande reste élevée, comme en témoigne la nouvelle hausse soutenue des nouvelles commandes, les perturbations sur les chaînes d'approvisionnement se sont renforcées à un rythme inquiétant. Entravé par les pénuries d'intrants, le taux de croissance moyen de la production pour l'ensemble du quatrième trimestre affiche, pour l'heure, son plus faible niveau depuis un an et demi."
Parallèlement, complète-t-il, "la recrudescence de l'épidémie de Covid-19 vient assombrir les perspectives d'activité à court terme, risquant en effet de renforcer les perturbations sur les chaînes d'approvisionnement et d'entraîner un nouveau déplacement des dépenses des services aux consommateurs vers les biens de consommation, aggravant ainsi le déséquilibre entre l'offre et la demande."
Hier outre Atlantique, le PMI (ISM) ne s'est guère, lui non plus, écarté de la cible, à 61.3 pour le mois de novembre. Par ailleurs, l'enquête sur l'emploi par le cabinet en ressources humaines ADP a fait état de 534 000 créations de postes dans le secteur privé, hors agriculture. Verdict demain avec le rapport mensuel fédéral NFP (Non Farm Payrolls).
Dans l'immédiat, les deux repères principaux de la matinée, côté statistiques, sont d'une part la confirmation d'un taux de chômage à 7.3% de la population active en Zone Euro, mais surtout une hausse surprise de 5.4% des prix "producteurs" en rythme mensuel en Zone Euro, c'est-à-dire en comparaison du mois d'octobre sur le mois de septembre. Si l'on compare à octobre 2020, la flambée se chiffre à... 21.9%.
A la mi-journée sur le marché des changes, l'Euro se traitait contre 1,1330$ environ.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
Le courant vendeur a été vivement renforcé par la rupture d'une zone technique à 1,1530, sur marubozu le 10 novembre. Il s'agit d'un fait majeur, qui a eu pour conséquence une libération d'énergie vendeuse massive. Le court terme est aligné sur le moyen terme, baissier, sur la paire de devises Euro / Dollar, mais le point d'entrée n'est plus optimal, tant les probabilités de formation de rebond de contestation s'accroissent à ce stade. Les cambistes préféreront momentanément rester hors du spot dans l'attente d'un point d'entrée adéquat.
PREVISION MOYEN TERME
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnés, notre opinion est neutre à moyen terme sur la parité Euro Dollar (EURUSD).
Nous conserverons cette opinion neutre tant que les cours de la parité Euro Dollar (EURUSD) seront positionnés entre le support à 1.1150 USD et la résistance à 1.1360 USD.
Le conseil BFM Bourse
GRAPHIQUE EN DONNEES QUOTIDIENNES
