(BFM Bourse) - L'Euro amorçait une consolidation sur des niveaux de fermeté inédit depuis l'automne 2018 face au Dollar après une semaine et demie de hausse interrompue, le billet vert ayant perdu momentanément ses attributs classiques de valeur refuge, payant les errements de Donald Trump sur la crise sanitaire, la situation sanitaire elle-même, en particulier aux Etats-Unis, et les tensions diplomatiques exacerbées entre Washington et Pékin.
La recrudescence de cas de Covid-19 dans le monde, et les nouvelles mesures de restriction, certes plus localisées que pour les confinements généralisés du printemps, pèsent. En Belgique, en Espagne, en Italie, au Royaume-Uni pour l'Europe. L'Amérique Latine est particulièrement touchée. Caraïbes inclues, la Zone géographique dépasse désormais l'Amérique du Nord (Etats-Unis, Mexique, Canada principalement) en nombre de cas de contamination. Les Etats-Unis restent pour leur part le pays le plus endeuillé de la planète, avec plus de 148 000 décès. Seul petit point "encourageant": le nombre de nouveau cas quotidien, qui connaissait il y a quelques jours un pic vers 80 000, reflue enfin aux Etats-Unis. La tendance reste à confirmer.
Par ailleurs, la question diplomatique avec la Chine pèse sur le billet vert . La fermeture du Consulat chinois de Houston est le dernier épisode en date de cette nouvelle guerre froide. Cette représentation diplomatique est considérée par Washington comme "plaque tournante de l'espionnage" chinois et "du vol de propriété intellectuelle" américaine. Pékin a ordonné la fermeture du consulat des Etats-Unis dans la grande ville de Chengdu (sud-ouest). Déjà alimentées par les différends commerciaux et les accusations mutuelles sur l'origine du Covid-19, les tensions sino-américaines étaient (re)montées d'un cran ces dernières semaines avec l'imposition par Pékin d'une loi sur la sécurité nationale à Hong Kong. Les mots fusent désormais, sans retenue. Mike Pompeo, en déplacement à Londres la semaine dernière, ne se privait pas de parler de "menace" en parlant de la Chine, réitérant des propos tenus en janvier : "principale menace de notre époque".
Dans l'immédiat, les cambistes sont en quête de nouveaux repères, macroéconomiques tout d'abord (la semaine est dense sur ce point) et monétaire, avec l'issue demain d'une nouvelle réunion de politique monétaire de la Fed (FOMC). Si un statu quo sur les taux proprement dits est quasiment acté, les opérateurs sur devises vont prendre la température sur les dispositions et la capacité de la Reserve Fédérale à soutenir davantage l'économie en plein rebond économique, et alors qu'un nouveau plan d'aide à l'économie, d'environ 1 000 milliards de dollars est en discussion au Congrès.
"Nous nous attendons à une communication plus ‘dovish' (c'est-à-dire un biais accommodant)", anticipe Thomas Coster, économiste à Pictet Health Management. "La Fed est dans une attitude attentiste, mais se montrera certainement prêtre à ajouter des liquidités et/ou à signaler des taux pas pour encore plus longtemps. Cela est dû au ralentissement de l'économie américaine au mois de juillet (qui peut être vu dans les indicateurs haute fréquence tels que ventes hebdomadaires d'essence ou inscriptions hebdomadaires au chômage) en partie à cause du regain de l'épidémie notamment dans les Etats du Sud", poursuit l'économiste senior.
Au chapitre statistique, l'ambiance de marché a été pénalisée depuis jeudi et l'emploi américain, secteur qui avait pourtant fait montre d'une résilience spectaculaire ces dernières semaines. Les marchés ont pris connaissance des inscriptions hebdomadaires aux allocations chômage pour la semaine 29, à 116 000 unités au-dessus des attentes (légèrement hors de la cible, donc). Vendredi côté européen, quasi "carton plein" sur les toutes premières estimations des PMI. Pour l'ensemble de la Zone Euro, en données synthétiques, les cibles sont dépassées pour le mois de juillet, avec un fort écart au consensus pour les services (55.1 contre un consensus à 51.0). Des indicateurs équivalents outre Atlantique sont ressortis à des niveaux moins convaincants en rapport avec les attentes.
Hier matin, matin, l'indice IFO du climat des affaires dans la première économie de la Zone Euro, l'Allemagne, a battu les attentes, à 90.5 ce mois-ci, gagnant plus de 4 points sur juin. Outre Atlantique, signaux contrastés sur les commandes de biens durables pour le mois de juin, avec une progression de 7.3%, au-dessus des attentes pour l'assiette la plus large, et de 3,3%, sous les attentes, pour l'assiette corrigée des équipements de transports.
A suivre en priorité ce mardi l'indice de confiance des consommateurs (Conference Board) à 16h00. A suivre également, l'indice S&P CS des prix de l'immobilier (20 agglomérations représentatives) à 15h00 et l'indice manufacturier de la Fed de Richmond, à 16h00.
A la mi-journée sur le marché des changes, l'Euro se traitait contre 1,1715$ environ.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
En dépassant sur accroissement de volatilité la barre des 1,1440$, et en réalisant une extension haussière immédiate. la paire de devises phare a défini un nouveau cadre de travail, offensif. Une phase de pullback sur les 1,1440 n'est pas exclure à terme. Dans l'immédiat, la paire de devises "tient" et amorce seulement un évide discret de consolidation des gains. Avis neutre dans l'immédiat, en l'absence de point d'entrée intéressant.
PREVISION MOYEN TERME
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnés, notre opinion est neutre à moyen terme sur la parité Euro Dollar (EURUSD).
Nous conserverons cette opinion neutre tant que les cours de la parité Euro Dollar (EURUSD) seront positionnés entre le support à 1.1570 USD et la résistance à 1.1745 USD.
Le conseil BFM Bourse
GRAPHIQUE EN DONNEES QUOTIDIENNES
