(BFM Bourse) - La paire de devises Euro / Dollar validait davantage ce lundi la rupture d'un niveau technique majeur, alors que l'appétit pour le risque sur les marchés financiers est en phase de redéfinition, avec une divergence remarquable des principaux actifs traditionnellement représentatifs de cet appétit: l'Euro, en baisse, les actions, en latéralisation nerveuse, et le pétrole, en hausse.
Les cambistes considèrent que les frémissements observés ces deux dernières sur les marchés obligataires continueront de constituer des drivers majeurs.
Les déclarations du patron de la Fed la semaine passée ont été jugées un peu trop attentistes, Jerome Powell se contentant de minimiser les inquiétudes sur une résurgence de l'inflation. "Le discours de Jerome Powell n'a pas réellement réussi à rassurer les investisseurs" et il en faudra davantage de la part de la banque centrale américaine dans les prochains jours pour apaiser le marché, a estimé John Plassard, directeur des investissements chez Mirabaud. Sentiment inflationniste qu'est venu renforcer vendredi le contenu du rapport fédéral sur l'emploi américain.
Ce rapport est dans l'ensemble très (trop ?) convaincant. Si la dynamique des salaires est conformes aux attentes - et c'est plutôt de nature à rassurer le marché au demeurant -, le nombre de créations de postes dans le secteur privé hors agriculture (+ 379 000) a explosé les attentes (+197 000), sur le mois de février. Les données de janvier ont été révisées à la hausse à +166 000. Quant au taux de chômage, il décroit à 6.2% de la population active, selon les dernières données du Bureau of Labor Statistics.
Thomas Coster, économiste chez Pictet Wealth Management, apporte son éclairage: "il est assez clair que la Réserve Fédérale (Fed) ne répondra pas à un sursaut de l'inflation, qui sera surtout guidée par les matières premières, au printemps. Elle ne devrait pas changer sa position sur une montée des taux – le message ne restera pas avant au moins « 3 ans », un signal envoyé par Jerome Powell pendant son audition au Congrès en février. Par contre, il est possible que le marché obligataire continue à tester les limites de la Réserve Fédérale, mais nous ne pensons pas que ces limites ne sont très éloignées (c'est-à-dire il y une faible tolérance pour une montée des taux longs à notre avis à partir de maintenant) dans un contexte d'endettement élevé rendant l'économie américaine très sensibles aux mouvements de taux – sans oublier le moteur de la reprise économique : le marché immobilier."
Cette semaine, les cambistes porteront un regard attentif aux éléments de langage apporté par la BCE, qui achève ce jeudi un nouveau Conseil des Gouverneurs.
L'institution de Francfort "ne devrait prendre aucune mesure concrète lors de ce meeting", pour Franck Dixmier (Allianz GI). "En revanche, sa communication devrait être ferme sur deux points :
1) Le maintien de conditions financières favorables : dans un contexte de reprise encore fragile des économies en zone euro, Christine Lagarde devrait signaler le danger d'un resserrement trop prononcé des conditions financières que pourrait engendrer une hausse des taux, surtout si celle-ci était trop rapide. La BCE devrait donc réaffirmer sa vigilance à ce que les conditions de financement restent extrêmement accommodantes pour les Etats, mais aussi les entreprises.
2) La transmission de la politique monétaire : même si les spreads restent serrés, ils resteront un point de vigilance, et la banque centrale devrait réaffirmer l'importance du maintien d'une transmission parfaite de la politique monétaire."
Côté statistique ce lundi, l'Euro souffrait également des chiffres décevants de la production industrielle en Allemagne (-2.5% e, janvier en rythme, mensuel), significativement à côté de la cible.
A la mi-journée sur le marché des changes, l'Euro se traitait contre 1,1875$ environ.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
Le test de la moyenne mobile à 100 jours (en orange) sur la paire de devises Euro / Dollar s'est soldé par une rupture et l'Euro connait désormais des niveaux face au Dollar qui n'avait plus été d'actualité depuis le 1er décembre dernier. Une poursuite des dégagements est envisagée. La formation de vaste triangle de consolidation entre la courbe de tendance de fond citée et l'oblique en pointillés noirs se solde par une sortie par le bas.
PREVISION MOYEN TERME
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnés, notre avis est négatif à moyen terme sur la parité Euro Dollar (EURUSD).
Notre point d'entrée est à 1.1877 USD. L'objectif de cours de notre scénario baissier se situe à 1.1621 USD. Pour préserver le capital engagé, nous vous conseillons de positionner un stop de protection à 1.1934 USD.
L'espérance de rentabilité de cette stratégie Forex est de 256 pips et le risque de perte s'établit à 57 pips.
Le conseil BFM Bourse
GRAPHIQUE EN DONNEES QUOTIDIENNES
