(BFM Bourse) - La moyenne mobile à 20 jours (en bleu foncé) continuait son mouvement d'inflexion baissière sur l'Euro / Dollar, dans un marché des changes pleinement tourné vers l'investiture de J. Biden, qui débute officiellement son mandat à la tête des Etats-Unis ce mercredi.
Les marchés seront attentifs lors du discours d'investiture, aux nouveaux indices sur sa stratégie politique. Même si son cap, lui, est déjà bien connu. Il a déjà dévoilé un package de 1 900 milliards de dollars au total, dont 415 milliards de destinés à renforcer la lutte et la vaccination contre le Covid-19, environ 1.000 milliards d'aides directes aux ménages et 440 milliards en direction des petites entreprises. La question des conséquences en terme d'inflation de ce plan (9% du PIB tout de même !), tout comme la suite de la pandémie dans le pays le plus endeuillé de la planète, resteront sous-surveillance.
Néanmoins, il est peu probable que ce plan passe «en l'état», selon J Plassard (Mirabaud), qui étaie son propos: "La proposition se heurte à des obstacles au Congrès. Les responsables de la transition Biden et les démocrates du Congrès ont indiqué qu'ils espéraient adopter cette proposition par voie d'ordonnance ordinaire, et non par le biais du processus de réconciliation budgétaire. Cela signifie qu'il faudrait 60 voix au Sénat, et donc le soutien d'au moins 10 républicains."
Dans l'immédiat, l'attention s'est portée sur l'audition devant le Sénat de Mme J. Yellen. Connue comme une "colombe" lorsqu'elle présidait la banque centrale américaine, avant que Donald Trump ne lui préfère Jerome Powell, l'économiste assume sans surprise aucune un biais volontariste au plan budgétaire. Elle y a présenté sa stratégie, en affirmant sa stratégie de reconstruction de l'économie au-delà même des nécessaires volets budgétaires, devant les Parlementaires qui doivent avaliser sa nomination à la tête du Secrétariat au Trésor. L'ancienne Présidente de la Fed (de février 2014 à février 2018) devrait remplacer Steven Mnuchin à ce poste stratégique de l'Administration.
"Cela contribuera à la mise en place d'un programme d'infrastructures dont le président Trump a parlé pendant ses quatre années de mandat, mais qu'il n'a pas pu réaliser" prévoit Rendeep Somel, gestionnaire de fonds au sein de l'équipe equity de M&G Investments. "Cela permettra également de cibler les dépenses dans les secteurs "verts", notamment en augmentant l'utilisation des énergies renouvelables pour la production d'électricité - l'objectif étant de parvenir à une énergie décarbonée d'ici 2035 - et en modernisant quatre millions de bâtiments pour qu'ils répondent aux normes les plus élevées en matière d'efficacité énergétique."
Mais le premier chantier de l'exécutif va être sanitaire ! Le nouveau locataire de la Maison Blanche affiche un objectif de 100 millions de vaccinations pendant ces 100 premiers jours de mandat. Les Etats-Unis restent à ce jour pour rappel, le pays le plus endeuillé de la planète dans la pandémie de coronavirus. La barre des 400 000 morts vient d'être tristement franchie.
La situation sanitaire, grave également de ce côté-ci de l'Atlantique, a conduit les principaux pôles de puissance économique en Zone Euro a durcir leur mesures de restriction, ce qui devrait contraindre la Banque Centrale Européenne, qui achève demain une réunion de son Conseil des Gouverneurs, à réaffirmer durablement son cap accommodant.
"Cette réunion ne devrait pas à priori apporter de grandes surprises." annonce Emmanuel Auboyneau (Amplegest). "Toutefois, par rapport à la dernière réunion, on constate que la situation sanitaire, loin de s'améliorer, tend à se dégrader en Europe, avec l'apparition des variants plus contagieux et la relative lenteur des campagnes de vaccination. La Banque centrale européenne (BCE) devrait donc réitérer un message de grande prudence sur l'économie et insister sur son soutien sans faille. Le programme d'achats de 1850 milliards d'euros, voté à la dernière réunion, pourrait finalement être utilisé dans sa quasi-totalité alors que certains membres de la BCE avaient exprimé des réticences sur ce point. L'horizon de mars 2022 nous donne par ailleurs une bonne visibilité. Christine Lagarde devrait également s'exprimer sur la vigueur de l'euro et peut-être fixer un niveau au-delà duquel une intervention serait possible (une nouvelle baisse des taux ?). L'inflation ne serait pas un frein à un tel mouvement même si les perspectives à 5 ans ont été récemment légèrement revues à la hausse."
Au chapitre statistique, hier, le "ZEW", comme il est plus communément appelé dans les salles des marchés, a bondi ce mois-ci à 61.8, très largement au-delà des attentes. Ce mercredi, les différents indices des prix à la consommation en Zone Euro ne se sont pas écartés d'un iota des consensus. En particulier, en données corrigées des éléments volatils (alimentation, énergie, alcool et tabac), les prix, pour le lois de décembre, ont grappillé en rythme annuel 0,2%, selon la publication d'EuroStat en matinée. L'inflation est à -0,3% dans son acceptation la plus large.
A la mi-journée sur le marché des changes, l'Euro se traitait contre 1,2125$ environ.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
Cette rupture désormais validée de la moyenne mobile à 20 jours (en bleu foncé) change le cadre technique qui prévalait jusqu'alors. Après plus de deux mois de hausse ferme ininterrompue, l'heure est au reflux sous la courbe de tendance de court terme précitée, qui a désormais vivement infléchie sa pente à la baisse. Nous précisions en fin de semaine dernière deux points d'appui identifiables techniquement se présenteront le cas échéant sur poursuite du reflux les 1,2115 et 1,2000$. Le premier d'entre eux a été effacé sur accès de volatilité, ce qui nous amène à anticiper une rupture du second (encore en cours), et donc à réajuster la mire, en visant un objectif baissier plus ample. Avis négatif tant que le spot cote sous sa moyenne mobile à 20 jours (en bleu foncé).
PREVISION MOYEN TERME
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnés, notre avis est négatif à moyen terme sur la parité Euro Dollar (EURUSD).
Notre point d'entrée est à 1.2117 USD. L'objectif de cours de notre scénario baissier se situe à 1.1876 USD. Pour préserver le capital engagé, nous vous conseillons de positionner un stop de protection à 1.2202 USD.
L'espérance de rentabilité de cette stratégie Forex est de 241 pips et le risque de perte s'établit à 85 pips.
Le conseil BFM Bourse
GRAPHIQUE EN DONNEES QUOTIDIENNES
