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La paire de devises Euro Dollar poursuivait la formation d'un pullback (rejet graphique) sur les 1,0550$, dans un biais chroniquement négatif, sur fond d'accroissement du déséquilibre économique entre les deux rives de l'Atlantique.
"La zone euro est plus que jamais pénalisée par ses deux (ex) locomotives engluées, qui plus est, dans des blocages politiques. Alors qu'on se demande encore comment la France va réussir à ramener dans le droit chemin ses finances publiques (sans, espérons-le, trop impacter la croissance), l'Allemagne, quant à elle, doit totalement revoir son modèle économique en place depuis les années 90 et la réunification : des exportations vers la Chine, du pétrole et du gaz russe bon marché et du protectionnisme américain. Sur les trois, il n'en reste aucun", constate froidement Thomas Giuduci, responsable de la gestion obligataire d'Auris Gestion.
Alors qu'à l'inverse, "tout semble aller pour le mieux outre-Atlantique : les prix à la production ralentissent, les tensions sur le marché du travail diminuent et, surtout, les prévisions des chefs entreprises atteignent des points hauts de deux ans et demi notamment grâce à la politique,pro-business voulue par la nouvelle administration américaine.
Les statistiques publiées depuis le début de la semaine corroboraient parfaitement cette dichotomie, entre un IFO (confiance des entrepreneurs allemand) morose, et un indice de confiance des consommateurs américains (Conference Board) en pleine forme, à l'approche de Thanksgiving, période qui marque traditionnellement outre Atlantique, le début des achats de fin d'année.
Hier le programme était copieux, concentré avant la grande pause festive de Thanksgiving.
La jauge d'inflation préférée de la Réserve fédérale américaine, à savoir les prix PCE, a légèrement accéléré à 2,3% sur un an en octobre, et de 2,8% pour sa composante hors alimentation et énergie, ce qui est conforme aux attentes du marché. Peu avant l'ouverture de Wall Street, une batterie de statistiques américaines, concentrées avant Thankgiving, est venue animer les débats. Commençons par les traditionnelles nouvelles inscriptions hebdomadaires aux allocations chômage, qui donnent une idée de l'état de tension du marché de l'emploi. Elles ressortent à 213 000, très proche des attentes. Pas d'écart au consensus concernant le PIB du T3, à +2,8% en rythme annuel en données préliminaires. Les commandes de biens durables n'envoient pas non plus de message particulièrement lisibles, en raison d'un faible écart au consensus, en revanche, la balance commerciale mensuelle des bien, structurellement déficitaire, surprend agréablement en ressortant sous le seuil symbolique des 100 milliards de déficit.
Par ailleurs, l'appétit pour le risque, directement corrélé à la monnaie unique, restait contrarié par les tout récents propos de Trump sur le commerce extérieur. Si l'on savait le 45ème, et bientôt 47ème Président des Etats-Unis, offensif sur les tarifs douaniers, des déclarations d'intention très concrètes ont fait trembler les Bourses asiatiques et européennes.
Il souhaite imposer des droits de douane de 25% sur tous les produits en provenance du Mexique et du Canada et alourdir de 10% celles pour les produits importés de Chine. Donald Trump justifie ces mesures de rétorsion commerciale en représailles à une immigration illégale, et au trafic de drogue et en particulier du Fentayl, un puissant opioïde qui fait des ravages aux États-Unis.
"Comme chacun le sait, des milliers de personnes affluent à travers le Mexique et le Canada, apportant avec elles la criminalité et la drogue à des niveaux jamais vus auparavant", a-t-il déclaré. "Ce tarif restera en vigueur jusqu'à ce que les drogues, en particulier le Fentanyl, et tous les étrangers en situation irrégulière cessent d'envahir notre pays !", a poursuivi le président élu.
Ce même appétit pour le risque, en Europe, restait contrarié par la crainte d'une période d'instabilité politique en France, alors que l'utilisation du "49.3" parait inéluctable pour faire passer le budget. Une solution jugée "probable, assurément" par l'intéressé, interviewé hier soir sur TF1. Le premier ministre a insisté sur les conséquences sur les marchés financiers en cas de censure de son gouvernement. S'il est clair que le Premier Ministre, avec cette rhétorique, joue la carte de la défense de son jeune gouvernement, les conséquences d'une nouvelle période d'instabilité politique pourrait peser sur les taux.
A la mi-journée sur le marché des changes, l'Euro se traitait contre 1,0550$ environ.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
La paire de devises vient de sortir par le bas, dans une volatilité intense, d'une figure en biseau, ce qui vient confirmer le biais baissier, désormais de fond. Depuis les fragiles supports rompent les uns après les autres. Avis négatif maintenu. Néanmoins à ce stade la décrue, la formation d'un rebond technique ne saurait tarder, nous en guettons les signes.
PREVISION MOYEN TERME
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnés, notre avis est négatif à moyen terme sur la parité Euro Dollar (EURUSD).
Notre point d'entrée est à 1.0550 USD. L'objectif de cours de notre scénario baissier se situe à 1.0101 USD. Pour préserver le capital engagé, nous vous conseillons de positionner un stop de protection à 1.0676 USD.
L'espérance de rentabilité de cette stratégie Forex est de 449 pips et le risque de perte s'établit à 126 pips.
Le conseil BFM Bourse
GRAPHIQUE EN DONNEES QUOTIDIENNES
