Connexion
Mot de passe oublié Pas encore de compte ?

Euro Dollar (EUR/USD)

EURUSD - FX0000EURUSD
1.1644 -0.15 % Dernière cotation : 20h54

Eur/usd : La revanche de l'euro face au dollar peut-elle se poursuivre?

samedi 8 mars 2025 à 07h00

(BFM Bourse) - La devise de la zone euro gagne 4,6% face au billet vert depuis le début de l'année, déjouant les pronostics qui anticipaient une chute voire un retour à la parité, cette année. Mais ce regain de forme de l'euro peut-il perdurer?

L'année 2025 s'annonçait difficile pour l'euro face au dollar. Les différents bureaux d'études s'accordaient sur une prévision: la devise de la zone euro était encore partie pour souffrir face au billet vert.

Ce en raison, notamment, de l'impact inflationniste des politiques (surtaxes douanières, restrictions sur l'immigration) que l'administration Trump comptait mettre en place. Plusieurs stratégistes voyaient l'euro tomber au niveau de la parité face au dollar (c'est-à-dire à un dollar pour un euro) voire en-dessous.

Pour l'heure, la monnaie européenne déjoue totalement ces pronostics. Depuis le début de l'année, l'euro prend 4,6% (*), une hausse importante sur le marché des changes. D'un creux à 1,0178 dollar en janvier, la devise de la zone euro s'est désormais hissée à 1,0836 dollar.

La remontada de l'euro a été très brutale, s'opérant surtout depuis la fin février. Donc en quelques jours.

>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading

Les actions européennes surprennent et Trump déçoit

Certaines forces avaient déjà commencé à s'exercer précédemment. "Depuis le début d’année, le momentum (la dynamique, NDLR) est clairement du côté européen… et donc de l’euro", explique William Gerlach d'Ibanfirst.

"Tout a commencé quand les fonds d’investissement américains ont décidé de vendre des actions américaines – à un rythme plus rapide que lors de la correction de 2022 – pour acheter des actions européennes décotées de 40%. Les flux vers l’Europe ont été si importants que cela a soutenu structurellement l’euro, en dépit des risques de guerre commerciale et de la géopolitique", explique-t-il.

Depuis le début de l'année, les actions européennes surperforment fortement Wall Street. L'Eurostoxx 50, un indice paneuropéen gagne 8,2% quand le S&P 500 perd 2,8%.

William Gerlach évoque également quelques indicateurs européens positifs, comme un repli de l'inflation en zone euro et un secteur manufacturier qui retrouve des couleurs.

En face, les États-Unis et Donald Trump ont déçu. Barclays évoque des indicateurs américains qui pointent un ralentissement de l'économie américaine, "l'évanouissement des espoirs d'une relance américaine supplémentaire" ou encore "des politiques douanières erratiques".

"Les éléments fondamentaux du plan Trump étaient censés s'ajouter à la dynamique structurelle haussière du dollar. Mais la mise en œuvre a laissé moins de marge de manœuvre budgétaire et a déclenché de puissantes réactions de la part des partenaires politiques. La confiance des acteurs économiques a également été mise à mal. Les allers-retours sur les tarifs douaniers ont soulevé des questions sur la persistance de l'outil politique", développe Barclays.

L'Europe montre les crocs, l'euro s'envole

L'envolée récente de l'euro est surtout due à la réponse des Européens à la politique étrangère et militaire de Donald Trump. Le 28 février, le président américain a provoqué une onde de choc mondiale en se montrant agressif avec son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, le sommant de s'accorder avec le président russe Vladimir Poutine. Et ce devant les caméras du monde entier. Zelensky a quitté la réunion, et l'accord qui devait être noué entre l'Ukraine et les États-Unis a été renvoyé aux calendes grecques.

Cette réunion a accéléré les initiatives européennes en matière de coopération et de défense. Depuis quelques semaines, les dirigeants ont évoqué d'importantes hausses des dépenses militaires, conscients que la sécurité du Vieux Continent dépendrait à l'avenir beaucoup moins des États-Unis et beaucoup plus d'eux-mêmes.

La journée du 28 février a servi de catalyseur. Deux jours plus tard, Emmanuel Macron a évoqué une cible des dépenses de défense allant de 3% à 3,5% du produit intérieur brut (contre 2% pour l'heure au sein de l'Otan).

Mardi, la Commission européenne a, elle, dévoilé son projet "réarmer l'Europe" qui entend mobiliser près de 800 milliards d'euros dans la défense.

Le même jour, l'Allemagne a acté une rupture majeure. Les partis politiques en charge de former la future coalition gouvernementale ont annoncé un vaste projet d'investissements dans la défense et les infrastructures, pour des montants combinés autour de 800-900 milliards d'euros. En quelques jours, le pays a mis fin à des dizaines d'années de frugalité budgétaire.

"Peut-être que si la réunion de vendredi (28 février, NDLR) à la Maison Blanche n'avait jamais eu lieu, nous n'aurions jamais connu un tel niveau de mobilisation en Europe. Toutefois, il est clair que l'Europe a enfin compris le message: se 'dé-risquer' vis-à-vis des États-Unis nécessite un engagement substantiel de ressources", commente Barclays

Avec ces hausses de dépenses à venir, les rendements des obligations souveraines en Europe ont décollé. Mercredi, le taux du titre de dette à 10 ans a connu sa plus forte hausse sur un jour depuis les mois qui ont suivi la réunification allemande (1990). Le 10 ans français est lui passé de 3,09%, vendredi 28 février, à 3,51% actuellement.

Mécaniquement, des rendements plus élevés se traduisent par une hausse de la devise des pays en question. Les investisseurs en quête de rendement ont davantage intérêt à y placer leurs fonds et achètent donc ces obligations (et donc par ricochet de l'euro).

In fine l'euro a suivi le rythme incroyable des annonces politiques survenues en seulement quelques jours. "La perspective d’un réarmement européen excite les investisseurs", commente William Gerlach. La devise européenne a pris 1,07% face au dollar lundi, puis 1,32% mardi et 1,6% encore mercredi, une succession de hausses impressionnante sur le marché des changes.

Barclays et UBS prudentes

Comme pour tout mouvement de forte progression, la question reste de savoir si et dans quelle mesure le bond de l'euro peut se poursuivre.

"Est-ce que tout cela peut retomber comme un soufflé ? Ce n’est pas exclu. La bonne performance des actions européennes, qui est certainement l’élément le plus important pour permettre à l’euro de se maintenir à de hauts niveaux, peut dégringoler si on assiste à une chute plus accentuée des actions américaines", considère William Gerlach. "Historiquement, lorsque les actions américaines s’effondrent, c’est tôt au tard le tour des actions européennes. Dans cette circonstance, on voit mal l’euro jouer le rôle de valeur refuge. Logiquement, les investisseurs pourraient se replier sur le dollar américain", poursuit-il.

Barclays se montre prudente. "À moins que les données américaines ne se détériorent davantage, nous pensons que l'essentiel de la hausse de l'euro est derrière nous", écrit la banque britannique.

"Le sentiment a évolué de manière spectaculaire en faveur de la monnaie commune et contre le dollar. Toutefois, nous montrons que, compte tenu des tarifs douaniers, un mouvement vers 1,10 pour l'eurodollar équivaudrait à un mouvement au-dessus de 1,15 dans la configuration de négociation d'avant Trump", développe Barclays. Autrement dit, taper les 1,10 dollar pour l'euro s'avérerait extrêmement exigeant, selon la banque britannique.

UBS juge que le rallye qu'a connu l'euro semble "exagéré". La banque suisse estime qu'une fois que les surtaxes douanières sur les importations européennes seront mises en œuvre par l'administration Trump, la devise de la zone euro chutera de nouveau face au dollar. UBS table sur un eurodollar à 1,02 à fin juin et à 1,06 à fin décembre.

Deutsche Bank "passe à l'achat"

Bank of America juge pour sa part qu'un potentiel de hausse existe encore sur l'eurodollar, notamment si l'Europe acte de nouvelles réformes (et pas seulement sur le plan budgétaire) ou si un accord de paix en Ukraine survient (car cela pourrait provoquer une baisse des prix de l'énergie).

La banque américaine voit l'eurodollar à 1,15 à fin décembre 2025 et à 1,20 fin 2026.

George Saravelos, stratégiste devises chez Deutsche Bank, et qui recommandait jusqu'à récemment (le 25 février) d'acheter le dollar face à l'euro a changé son fusil d'épaule. Il conseille désormais de jouer la hausse de l'euro jusqu'à un taux d'1 euro pour 1,10 dollar.

Le stratégiste pense que les surtaxes douanières ne porteront plus le dollar. Tout simplement parce que ces droits de douane pénalisent aussi, in fine, l'économie américaine. "Même si de nouveaux droits de douane sont annoncés, le marché évaluera également les risques économiques à la baisse pour les États-Unis", fait-il valoir.

Il cite également des risques politiques pouvant peser sur le dollar, tels qu'une majorité mince au Congrès (ce qui peut compliquer la mise en œuvre d'une politique budgétaire efficace) ou les incertitudes liées au "DOGE", le "département d'efficacité" piloté par Elon Musk qui entend tailler à la hache dans les dépenses fédérales américaines. En outre, George Saravelos n'exclut pas que le dollar ait "perdu son statut de valeur refuge", ajoutant ne pas "écrire cela à la légère".

"D'un autre côté, l'Europe et l'Allemagne en particulier font preuve d'une réactivité sans précédent dans l'histoire pour réviser leur bais budgétaire", explique-t-il.

"Cette flexibilité devrait non seulement atténuer l'impact potentiel des tarifs douaniers à venir (l'Allemagne étant la plus exposée), mais aussi créer un biais haussier pour la croissance (et, par extension, pour la Banque centrale européenne) une fois que l'impact des tarifs douaniers aura été absorbé", développe-t-il.

(*) Les cours ont été arrêtés après la clôture européenne de vendredi.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
Votre avis
Forum suspendu temporairement
Portefeuille Trading
+334.30 % vs +54.87 % pour le CAC 40
Performance depuis le 28 mai 2008

Newsletter bfm bourse

Recevez gratuitement chaque matin la valeur du jour
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez nos CGU et l'utilisation de cookies afin de réaliser des statistiques d'audiences et vous proposer une navigation optimale, la possibilité de partager des contenus sur des réseaux sociaux ainsi que des services et offres adaptés à vos centres d'intérêts.
Pour en savoir plus et paramétrer les cookies...