(BFM Bourse) - Citées par le Financial Times, les banques Citi et JPMorgan estiment que la devise de la zone euro pourrait bientôt se retrouver à la parité avec le billet vert, qui a bénéficié de la remontée des taux d'intérêt et de l'aversion au risque. Bank of America, elle, voit l'euro autour de 1,05 dollar à la fin de l'année.
Les espoirs du début d'année se sont envolés. Alors que plusieurs bureaux d'études prévoyaient à ce moment un euro à 1,10 dollar voire au-dessus sur la seconde partie de la 2023, la devise de la zone euro n'a pu résister à la vigueur du roi dollar.
Depuis un pic à 1,1277 dollar atteint en juillet, la monnaie européenne a chuté de 6,5% face au billet vert et recule d'ailleurs de 1,5% sur l'ensemble de 2023, se situant actuellement à 1,054 dollar.
Comme souvent sur les marchés des devises, cet écart de trajectoire s'explique au moins en partie par la politique monétaire. Si la Banque centrale européenne a envoyé lors de sa dernière réunion de politique monétaire un message signifiant assez clairement que les hausses de taux directeurs étaient désormais achevées, cela est beaucoup moins clair pour la Réserve fédérale américaine (Fed). Les projections de marché montrent que les investisseurs ouvrent toujours la porte à un relèvement de taux de la part de la banque centrale américaine.
"Deuxièmement, la croissance du PIB américain s'est maintenue bien mieux que prévu et par rapport à d'autres pays, même si des signes de ralentissement apparaissent", ajoute UBS.
La remontée des tensions géopolitiques, avec la guerre entre Israël et le Hamas, a par ailleurs entraîné un mouvement d'achat vers les valeurs refuge. Or le dollar, grâce à un son rôle de monnaie utilisée pour les transactions internationales, bénéficie pleinement de ce statut de valeur refuge.
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Trop d'incertitudes sur l'euro?
La tendance peut-elle s'accélérer au point de voir le dollar monter et atteindre la parité avec l'euro (c'est-à-dire que 1 dollar serait égal à un euro), comme lors de l'été 2022?
C'est en tout cas ce que semblent penser les banques Citi et JPMorgan, toutes deux citées par le Financial Times. JPMorgan estime que l'euro tombera à un dollar d'ici à la fin de cette année, contre 1,05 dollar dans sa précédente prévision. Pour la stratégiste de la banque, la devise de la zone euro n'incorpore pas une décote suffisante pour traduire les incertitudes qui l'entourent.
Parmi ces incertitudes figurent "des conditions financières resserrées" et "des risques potentiels de débordements géopolitiques, qui arrivent tous dans un contexte de stagnation de la croissance", explique-t-elle dans une note citée par le Financial Times.
Citibank de son côté, déclare viser la parité sur un "horizon de six mois" car elle table sur une récession en Europe qui surviendrait bien en amont de celle aux Etats-Unis.
Un euro bien plus vigoureux l'an prochain?
Toutes les banques ne partagent évidemment pas cette prévision. UBS voit l'euro atteindre 1,06 dollar à la fin décembre avant de remonter à 1,08 dollar en mars puis 1,10 dollar en juin et 1,12 en septembre 2024.
Mais la banque suisse reconnaît qu'à court terme "l'euro-dollar est susceptible de se situer dans une fourchette étroite, les risques à court terme étant orientés à la baisse entre 1,00 et 1,05".
Bank of America est sur une trajectoire similaire, tablant sur un euro autour de 1,05 dollar à la fin de cette année puis à 1,15 dollar à la fin de l'an prochain.
Toutefois, "nous voyons un potentiel de hausse supplémentaire du dollar si l'atterrissage en douceur (de l'économie, NDLR) coïncide avec la surperformance de la croissance américaine, tandis qu'un éventuel atterrissage brutal pourrait également soutenir le dollar si la volatilité réapparaissait", jugeait la banque américaine, fin septembre.