(BFM Bourse) - Bien que perçu comme austère, le monde de la finance ne manque pas d'imagination. Entre les expressions et autres injonctions qui font le folklore de la Bourse, les traders ont l'embarras du choix. Et le marché des changes ne fait pas exception. Plusieurs paires majeures tirent leur nom d'oiseaux ou encore d'une célèbre série télévisée des années 60.
Dans les salles de marché, l'argot est très répandu et permet aux traders de communiquer rapidement dans un environnement stressant où le temps est précieux. A l'image de la Bourse, le marché des changes regorge d'expressions et de surnoms humoristiques pour désigner les devises.
Pour désigner le roi dollar américain, le billet vert est communément utilisé pour faire référence à la reine des monnaies mondiales. Mais la plus connue des devises internationales est également appelée Greenback pour rappeler la couleur verte au dos des billets de banques émis pendant la Guerre Civile Américaine de 1861. Ou Buck, qui est beaucoup utilisé dans le langage argotique anglophone pour désigner un dollar. L'expression "buck" remonterait au 18e siècle lorsque les peaux de cerfs (buckskins) servaient de monnaie d'échange pour acquérir des marchandises.
"La première utilisation écrite du mot "buck" date de 1748. Conrad Weiser, un pionnier hollandais de Pennsylvanie qui avait de fréquents contacts avec les colons et les Amérindiens, a écrit dans son journal que quelqu'un s'était fait voler des objets d'une valeur de 300 bucks. Il précise qu'à l'époque, cinq bucks valaient un tonneau de whisky", rappelle Investopedia .
La devise de la zone euro en revanche n'a pas inspiré grand-monde. L'argot monétaire pour désigner la devise en cours dans l'eurozone se limite à un basique "monnaie unique".
Par extension, les paires de devises n'ont pas échappé à cette créativité lexicale. Rappelons qu'une paire de devises est la cotation de la valeur d'une monnaie contre une autre sur le marché des changes. On considère qu'il existe quatre paires de devises majeures qui sont les suivantes: l'euro/dollar américain (EUR/USD), le dollar américain / yen (USD/JPY), la livre sterling / dollar américain (GBP/USD) et le dollar américain / franc suisse (USD/CHF).
A ce quatre majeur, s'ajoutent trois autres paires qui sont des monnaies marchandises exprimées face au dollar américain: le dollar australien / dollar américain (AUD/USD), le dollar américain/ dollar canadien (USD/CAD) et le dollar néo-zélandais / dollar américain (NZD/USD). Et pour simplifier les échanges, les traders ont enrichi leur vocabulaire au fil des siècles en attribuant des petits surnoms aux paires de devises qu'ils traitaient.
GBP/USD: le câble
Au milieu du XIXe siècle, avant l'invention des satellites et de la fibre optique, le taux de change entre la livre sterling (GBP) et le dollar américain (USD) était transmis à travers l'océan Atlantique par câble sous-marin. Le premier câble de ce type qui reliait les Bourses de Londres et de New York a été posé en 1858 et mis en service en 1866. Et près de 160 ans plus tard, ce surnom s'est transmis de générations en générations de traders.
EUR/USD: la fibre, le câble 2.0
La fibre est le surnom attribué à la paire euro/dollar américain. Deux versions se disputent la vedette. La première trouverait son origine dans la matière utilisée pour fabriquer les billets de banque de la zone euro à savoir la fibre de coton polymère. La deuxième, plus actuelle serait purement et simplement le pendant moderne du câble décrit plus haut. L'ancien câble a été remplacé par une fibre ultramoderne. A vous de faire votre choix.
Dans cette idée de lien entre deux continents, le tunnel sous la Manche (ou Channel Tunnel) reliant l'Europe continentale au Royaume-Uni a donné naissance au mot-valise "Chunnel". Ce surnom désigne la paire livre sterling / euro (GBP/EUR). D'autres sobriquets sont beaucoup plus originaux. Dans l'univers des devises, les noms d'oiseaux ont une connotation beaucoup plus sympathique.
USD/NZD: le kiwi
Notre tour d'horizon des surnoms attribués aux devises nous emmène ainsi à près de 20.000 kilomètres de la France, à savoir en Nouvelle-Zélande. Le symbole emblématique de ce pays est le kiwi, un oiseau de la taille d'une poule dont le pelage fait immédiatement penser au fruit. Et c'est tout naturellement vers ce surnom que la paire dollar américain / dollar néozélandais (USD/NZD) a été baptisée.
USD/CAD: le loonie ou huard
En ce qui concerne la paire dollar américain / dollar canadien (USD/CAD), là aussi, le nom attribué à ce tandem de devises tire son origine d'un oiseau. Le terme loonie ou huard en français est dérivé de la pièce d'un dollar canadien introduite en 1987, dont le revers est frappé de cet oiseau qui ressemble à un canard mais qui est désigné comme tel à tort.
Ce double emploi est aussi valable pour le franc suisse qui a pour surnom Swissy, qui est aussi valable pour la paire dollar américain / franc suisse (USD/CHF).
USD/JPY: ninja
La paire USD/JPY est gratifiée de son côté du surnom ninja en référence à une certaine catégorie d'espions japonais drapés de noir, qui fait partie intégrante de la légende et du folklore du pays du Soleil Levant.
USD/RUB et EUR/RUB: Barnie et Betty
L'argot des traders s'est récemment enrichi d'un couple de surnoms pour désigner une paire de devises. En anglais, le rouble se dit ruble... qui ressemble de près à "Rubble" qui est le nom de famille des voisins de Fred Flinstone - Barney et Betty Rubble - eux-mêmes personnages emblématiques des Pierrafeu. Ainsi, ce clin d’œil à cette série animée culte des années 60 a donné naissance à Barney pour designer la paire euro/rouble (USD/RUB) et Betty pour la paire euro/rouble (EUR/RUB).