(BFM Bourse) - Le yen évolue sur des planchers depuis vingt ans face au dollar -et sept ans face à l'euro- en raison du décalage croissant entre la politique monétaire toujours ultra-accommodante de la Banque du Japon et le durcissement de la posture de la Réserve fédérale américaine. La devise japonaise cède 14% depuis le début de l'année face au billet vert.
Le yen poursuivait mercredi son repli face au dollar et aux autres grandes devises, le gouverneur de la Banque du Japon ayant à nouveau défendu sa politique monétaire ultra-souple en jugeant désirable une "faiblesse stable" de la devise nationale. Le yen plongeait face au dollar à 133,88 yens, un nouveau plus bas depuis 2002 et à 143,65 yens face à la monnaie unique, un niveau plus vu depuis janvier 2015.
Même si l'inflation reste relativement basse au Japon (2,1% hors produits frais en avril), la chute de la devise, de 14% depuis le début de l'année face au dollar, commence à inquiéter certains observateurs. Mais le gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), Haruhiko Kuroda, a encore affirmé mercredi devant le Parlement japonais qu'une "faiblesse stable" du yen profiterait à l'économie nationale, tournée vers les exportations, même s'il a reconnu qu'un plongeon trop rapide n'était pas désirable.
Un changement de cap pas envisageable
Le gouverneur de la banque centrale nippone a réitéré sa volonté de ne pas changer de cap sur la politique monétaire et c'est "la troisième journée consécutive où il affirme qu'il est crucial que le Japon reste sur la même ligne", a souligné Derek Halpenny, analyste chez MUFG.
"C'est une séance sans conviction, car les investisseurs attendent les grands événements macroéconomiques de la fin de la semaine, la réunion de la Banque centrale européenne (BCE) jeudi et l'indice de l'inflation CPI aux Etats-Unis vendredi", explique Henry Allen, analyste chez Deutsche Bank.
Les observateurs s'attendent à ce que la BCE signale la fin de ses taux négatifs dans les mois à venir, et veulent savoir si sa présidente Christine Lagarde donnera des indices sur l'ampleur de la hausse à venir. "Si Mme Lagarde reste prudente et signale une hausse de seulement 0,25 point de pourcentage le mois prochain, l'euro pourrait continuer à se languir", prévient Han Tan, analyste chez Exinity.
Face au dollar canadien, qui profite des prix élevés du pétrole dont le pays est un producteur important, l'euro s'échangeait pour 1,35 dollar après avoir reculé à 1,3390 dollar, un plus bas depuis avril 2015. "Le dollar canadien bénéficie également d'un contexte monétaire favorable alors que la Banque du Canada vient d'opérer en juin une seconde hausse de taux consécutive de 50 points de base (0,50 point de pourcentage, NDLR) pour ramener son taux d'intérêt principal à son plus haut niveau depuis janvier 2020 à 1,5%", complète Guillaume Dejean, analyste chez Western Union.
(Avec AFP)