(BFM Bourse) - En plus de la crise de la livre turque, le pays est obligé de revoir ses prévisions de croissance nettement à la baisse.
Après une crise diplomatique avec les Etats-Unis, qui n'est toujours pas terminée, et des sanctions américaines qui ont suivi l'arrestation du pasteur américain Andrew Brunson en Turquie, la livre turque avait touché en août un plus bas historique à un dollar pour 7,24 livres turques, perdant plus de 40% de sa valeur depuis le début de l'année.
Depuis, la livre turque a rebondi un peu et s'est stabilisée, à un dollar pour 6,26 livres turques cet après-midi à 15h, à la suite de la forte hausse des taux d'intérêts par la banque centrale turque, qui sont passés de 17,75% à 24% jeudi dernier.
Croissance en baisse, inflation et chômage en hausse
Dans ce contexte tendu, le ministre des finances turc Berat Albayrak présentait à Istanbul son plan à moyen terme pour l'économie turque, et il a revu nettement à la baisse les prévisions pour 2018 et 2019.
La croissance du produit intérieur brut (PIB) de la Turquie est ainsi désormais prévue à 3,8% en 2018, contre 5,5% anticipé auparavant, et de 2,3% en 2019, en forte baisse par rapport à 2017 où elle avait atteint 7,4%.
Berat Albayrak a en outre indiqué que l'inflation atteindrait 20,8% en 2018, du jamais-vu depuis l'arrivée de Recep Tayyip Erdogan au pouvoir en 2003, et 15,9% en 2019. De plus, le ministre turc des Finances a indiqué que le chômage allait augmenter pour atteindre 11,3% cette année et 12,1% en 2019.
Du mieux en 2020?
Ces projections illustrent les difficultés de l'économie turque après des années de politiques visant à soutenir une croissance élevée, en dépit des mises en garde des économistes qui s'inquiétaient de la hausse de l'inflation et du creusement du déficit des comptes courants, ce que la baisse de la devise du pays face au dollar n'a fait qu'accentuer.
Dans un effort apparent de montrer que les autorités étaient conscientes du problème, Berat Albayrak a indiqué que sa politique économique pour les trois années à venir serait guidée par trois principes: "le rééquilibrage, la discipline et la transformation". "Nous allons mettre en oeuvre un plan de lutte totale contre l'inflation", a déclaré Berat Albayrak. Alors que le début de son discours dressant un constat réaliste de la situation était bien accueilli par les marchés, avec une hausse de la livre turque face au dollar, la suite de son allocution, chiche en mesures détaillées, a semblé décevoir, la valeur du billet vert repartant à la hausse.
Berat Albayrak, qui est par ailleurs le gendre de M. Erdogan, a assuré que la situation économique s'améliorerait à partir de 2020, avec une croissance repartant à la hausse à 3,5% et le retour à une inflation à un chiffre.
(avec AFP)