(BFM Bourse) - Pénalisées par la perspective d'un resserrement monétaire plus vif et prononcé qu'escompté, les cryptomonnaies ne sont pas épargnées par le regain de prudence des investisseurs vis-à-vis des actifs risqués.
Star des marchés en 2021, le bitcoin commence la nouvelle année en baisse marquée, victime de l'aversion au risque des investisseurs qui tablent sur un durcissement de la politique monétaire aux Etats-Unis. Après avoir lâché du lest vendredi, puis s'être légèrement redressé au cours du week-end (contrairement aux marchés actions, la cotation du bitcoin est quasi-ininterrompue), la pionnière des cryptomonnaies connaît un nouveau brusque coup de mou ce lundi, et s'échange à 40.800 dollars (-2,4%) l'unité vers 15h50. Quelques minutes auparavant, ce cours avait même chuté sous le seuil des 40.000 dollars pour la première fois depuis septembre.
Comme pour de nombreux actifs à travers le marché, le principal problème de la cryptomonnaie décentralisée est la politique de la Fed: le compte-rendu de la réunion de décembre de l'institut monétaire a révélé mercredi aux investisseurs que certains de ses membres étaient prêts à remonter les taux directeurs au plus vite.
Après avoir profité d'"une longue période d'argent facile" en 2020 et 2021 alors que la Fed dopait l'économie américaine en pleine pandémie de Covid-19, "l'attente d'un resserrement monétaire fait peur à ses adeptes", commente Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown. La nouvelle baisse du taux de chômage aux Etats-Unis enregistrée vendredi (bien que moindre qu'attendu) "va probablement galvaniser (les membres de la Fed) qui veulent agir pour stopper l'inflation", abonde Craig Erlam, analyste chez Oanda. Certains investisseurs considèrent qu'une des caractéristiques du bitcoin (son offre limitée par l'algorithme qui régule son émission) en fait une valeur refuge contre l'inflation, une sorte d'or numérique, qui serait donc moins attractif si la Fed agit.
Poids du minage au Kazakhstan
La crise politique au Kazakhstan, où le président a autorisé vendredi les forces de sécurité à "tirer pour tuer" afin d'étouffer les émeutes qui secouent le pays, constitue par ailleurs un autre élément pouvant "exacerber la volatilité du bitcoin" selon Susannah Streeter. Depuis que la Chine a interdit l'activité du minage de bitcoin, cette industrie dont les serveurs qui tournent sans cesse est indispensable à la validation des transactions en cryptomonnaie s'est en partie tournée vers le Kazakhstan, devenu le deuxième pays du secteur, selon certaines estimations.
Accoutumés à la volatilité exacerbée des cryptomonnaies, certains acteurs du secteur disent pour l'instant garder leur sang froid. "Il y a des similarités avec le mouvement des prix entre mi-mai et août", quand les prix avaient reculé de plus de 50% avant de remonter de plus belle, pour atteindre leur plus haut historique en novembre à 68.992 dollars, rappelle Mikkel Morch, de la plateforme d'échanges de cryptomonnaies ARK36.
(avec AFP)