(DailyFX.fr) - Alors que le rand sud-africain (ZAR) continue d'afficher une sous-performance notable comparée à celles d'autres devises exotiques, le cours de l'USD/ZAR, en hausse de 7 % janvier, a enregistré de nouveaux plus hauts de quatre ans la semaine dernière. Nos lecteurs se rappelleront que nous avons privilégié des stratégies acheteuses sur cette paire en octobre étant donné les difficultés dans le secteur minier.
Malgré une correction en décembre qui a ramené la paire sur sa ligne de tendance haussière à 8,45 ZAR, notre stratégie a bien fonctionné alors que le cours est venu tout proche de notre objectif à 9,20 jeudi.
Lors de l'écriture de notre dernière analyse sur l'USD/ZAR, nous avons parlé de la zone des 9,20 / 9,22 comme une possible résistance majeure. Les perspectives d'un retournement du rand sud-africain restent peu favorables en ce moment vu le manque de changements au niveau des fondamentaux en Afrique du Sud depuis l'année dernière, mais nous pourrions voir un changement du ton de la banque centrale sud-africaine vis-à-vis du taux de change lors de la réunion du comité de politique monétaire la semaine prochaine.
Voici encore le même graphique hebdomadaire publié en octobre avec quelques éléments techniques supplémentaires. Pour comprendre pourquoi nous pensons qu'un mouvement majeur est à anticiper à l'heure actuelle, notez les points suivants :
9,22 ZAR correspond au retracement à 50% du Fibonacci tracé à partir des plus hauts d'octobre 2008 jusqu'aux plus bas d'avril 2011. Notez que l'historique de la paire nous montre que le cours a réagi sur ce même niveau en décembre 2008 (support après accélération haussière en septembre 2008) et en avril 2009 (résistance après cassure).
L'évolution de la paire depuis octobre 2008 suggère un mouvement en cinq vagues suivi par un mouvement correctif A-B-C. Selon ce schéma indiqué sur notre graphique, cette phase de correction pourrait connaître sa fin si 9,22 s'avère effectivement être une résistance durant le deuxième trimestre.
Nous avons identifié une configuration en biseau ascendant dont la résistance a été testée en fin janvier pour la quatrième fois depuis septembre 2011. La confirmation de cette configuration se repose notamment sur un échec sous le retracement à 9,22.

Ce qui importe ici, ce n'est pas forcément d'anticiper un retournement majeur alors que les fondamentaux et l'analyse technique ne sont pas encore en conformité. Les prévisions d'inflation de la South African Reserve Bank (SARB) tablent sur un niveau d'inflation moyen à 5,8 % cette année avec la possibilité d'un pic à 6,1 % durant le troisième trimestre. Alors que le comité de politique monétaire de la SARB se réunit le 18 mars et annoncera sa décision en matière des taux d'intérêt à l'issue de cette réunion le 20 mars, il est peu probable qu'une nouvelle baisse du taux de référence (taux repo, actuellement à 5,0 % depuis juillet 2012) soit devant nous.
Au niveau des taux, nous nous attendons alors à un statu quo de la part de la SARB la semaine prochaine alors que l'économie sud-africaine continue de montrer un degré notable de fragilité depuis le deuxième semestre 2012. Mais vu la dégradation récente du compte courant qui a fait chuter le rand durant cette même période, il se peut que les autorités monétaires deviennent de plus en plus agressives vis-à-vis du taux d'échange de l'USD/ZAR.
Présente à Cernobbio en Italie vendredi dernier, la gouverneur de la SARB Gill Marcus a indiqué lors d'une interview sur Bloomberg TV qu'elle considérait la dévaluation du rand "exagérée" et qu'elle anticipait un éventuel retracement vers un niveau "plus raisonnable". Etant donné que le rand affiche une performance à peine meilleure que celles de la livre sterling et le yen cette année et que cette baisse n'est pas expliquée par la politique monétaire de la banque centrale sud-africaine comme c'est le cas au Royaume-Uni et au Japon, il se peut que nous voyions un durcissement du ton vis-à-vis du taux d'échange lors de la réunion de la SARB (le taux d'échange était auparavant un objectif de la SARB avant qu'elle ait adopté un mandat unique sur la stabilité des prix en 2000).

Pour revenir sur notre configuration graphique sur l'USD/ZAR, nous pensons qu'une hypothétique sortie de la zone comprise entre
A la hausse, de nouveaux plus hauts au-dessus de 9,22 renforceraient les prévisions haussières sur la paire (chute continue du rand) et ouvrait la voie à une possible accélération vers le prochain niveau de résistance à 10,70 (plus hauts de 2009).
A la baisse, un net échec sous 9,22 suite à la décision des taux de la SARB le 20 mars militerait en faveur d'une correction de court terme vers notre premier support à 8,77. Dans ce cas, il est probable que les opérateurs attendent le contact avec ce support pour vendre encore une fois le rand. Dans tous les cas, nous préférons attendre une clôture hebdomadaire sous la moyenne mobile à 20 semaines (MM20) qui est en soutien depuis septembre 2012 pour confirmer un possible retournement majeur du rand. Si ce signal devait se matérialiser durant le deuxième trimestre, nous rechercherions fort probablement des ventes sur l'USD/ZAR pour viser ses anciens supports à 8,10 voire 7,50 en extension.
Adrian Raymond, Analyste de Marché Junior